Prix Bibliothèque et Archives Canada

Les prix Bibliothèque et Archives Canada, présentés conjointement par Bibliothèque et Archives Canada et la Fondation de Bibliothèque et Archives Canada, avec le généreux soutien du commanditaire fondateur, Air Canada récompensent des Canadiens remarquables qui ont contribué de façon exceptionnelle à la création et à la promotion du patrimoine culturel, littéraire et historique de notre pays.

Mémoire de notre passé ancien, aussi bien que de notre histoire récente, Bibliothèque et Archives Canada est une ressource incontournable pour tous les Canadiens qui veulent mieux se connaître eux-mêmes, individuellement et collectivement.

À ce titre, il lui paraît essentiel de souligner le travail exemplaire de ceux qui l'appuient dans sa mission fondamentale de faire rayonner tous les volets de la culture canadienne, ici et partout dans le monde.

Cette reconnaissance veut aussi mettre en lumière le fait que la création et la diffusion de notre patrimoine sont de plus en plus des entreprises démocratiques qui ne sont plus réservées aux seuls milieux où se produisait traditionnellement le savoir.

Les Alphabets  
 
épinglette

Cette épinglette, remise exclusivement aux distingués lauréats des prix Bibliothèque et Archives Canada, représente l’élément central d’une des murales réalisées par Alfred Pellan dans l’édifice de Bibliothèque et Archives Canada au 395, rue Wellington, à Ottawa.

Alfred Pellan a peint la murale Les Alphabets / The Alphabets sur le mur ouest du deuxième étage du 395, rue Wellington, à Ottawa, édifice qui abritait jadis la Bibliothèque nationale du Canada. Il s’agit aujourd’hui de l’édifice principal de Bibliothèque et Archives Canada. Cette murale et l’œuvre sœur qui se trouve sur le mur est, La Connaissance / Knowledge, ont été amorcées en 1957 et achevées un peu plus d’une décennie plus tard. Pour les deux murales, l’artiste québécois a commencé par faire des études préliminaires à petite échelle. Ces études se trouvent dans la collection de Bibliothèque et Archives Canada; elles sont décrites dans les notices Les Alphabets et La Connaissance.

Dans Les Alphabets / The Alphabets, l’artiste met en contraste des couleurs vives et un arrière-plan plutôt gris, utilisant une peinture mate qui ne reflète pas la lumière. Au centre, une mosaïque de visages schématisés coiffés de becs de plume entourent un livre ouvert. La disposition rappelle un visage humain. L’une des interprétations les plus populaires de l’œuvre, confirmée par l’artiste, est qu’il s’agit des visages de lecteurs et d’écrivains. À l’ensemble s’ajoutent des écritures spiralées dans plus d’une vingtaine de langues, tantôt anciennes ou médiévales, tantôt modernes (illyrien, hébreu, étrusque, et bien d’autres).

 

Lauréats 2024

  • Reneltta Arluk

    Reneltta Arluk

    Crédit photo : Nahanni McKay

    Reneltta Arluk est une Inuvialuite, Crie et Dénée des Territoires du Nord-Ouest. Ses grands-parents l’ont élevée le long de leur ligne de trappe jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge de fréquenter l’école. Cette enfance nomade lui a donné les clés pour devenir l’artiste multidisciplinaire qu’elle est aujourd’hui. Les protocoles culturels et l’optique autochtone qui façonnent son travail sont issus du mariage de son expérience de vie et de sa formation artistique.

    À titre de directrice des arts autochtones au Centre des arts de Banff, Mme Arluk a chapeauté la conception d’œuvres dirigées par des Autochtones, et ce, dans toutes les disciplines. Elle a également soutenu la création d’une programmation inclusive pour les artistes autochtones, et renforcé les relations avec les communautés autochtones visées par le Traité no 6. Enfin, pour mieux faire entendre les voix autochtones, elle a forgé des partenariats avec des institutions artistiques non autochtones, tant à l’échelle régionale et nationale que mondiale.

    Titulaire d’un baccalauréat en art dramatique de l’Université de l’Alberta, Mme Arluk est la première femme inuk et la première femme autochtone diplômée de ce prestigieux programme. Depuis plus de 20 ans, elle participe à la création de pièces de théâtre autochtones au Canada et à l’étranger. En 2008, elle a fondé l’Akpik Theatre, seule compagnie de théâtre autochtone professionnelle des Territoires du Nord-Ouest. Telle la chicoutai (le petit fruit sauvage qui lui a donné son nom), l’Akpik Theatre tente de s’épanouir dans le climat nordique en créant, en encadrant et en produisant des pièces inspirées et écrites par des Autochtones du Nord.

    Mme Arluk est également la première metteuse en scène inuk et autochtone à avoir eu l’honneur de présenter une pièce au Festival de Stratford. En 2017, le Festival lui a d’ailleurs décerné le prix Tyrone Guthrie – Derek F. Mitchell pour sa mise en scène de la pièce The Breathing Hole, de la dramaturge Colleen Murphy.

    Enfin, en tant qu’artiste, membre de divers conseils d’administration et administratrice dans le domaine des arts, Mme Arluk milite en faveur de changements culturels au Canada. Elle fait rayonner son leadership et son travail de gestion jusque sur la scène internationale, sans jamais perdre de vue les systèmes de valeurs autochtones.

  • Kate Beaton

    Kate Beaton

    Crédit photo : Jason LeFrense

    Kate Beaton est née et a grandi au Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. Diplômée en histoire et en anthropologie de l’Université Mount Allison, elle déménage en Alberta afin d’y dénicher un emploi lui permettant de rembourser ses prêts étudiants.

    Pendant son séjour dans l’Ouest, Mme Beaton lance une bande dessinée en ligne intitulée Hark! A Vagrant, qui attire rapidement un large public dans le monde entier. Cette œuvre phare, traduite en français sous le titre Diantre! Un manant, a également été publiée sous forme de recueil, tout comme Step Aside, Pops. Les deux ouvrages ont figuré plusieurs mois sur la liste des best-sellers du New York Times dans la catégorie roman graphique, et se sont hissés au palmarès des meilleurs livres de l’année du magazine Time, du Washington Post, du site Vulture et de NPR Books. Ils ont également remporté les prix Will Eisner, Ignatz, Harvey, et Doug Wright.

    Mme Beaton compte aussi à son actif deux albums illustrés pour la jeunesse : Le petit roi et La princesse et le poney.

    Son plus récent livre prend la forme de mémoires intitulés Environnement toxique. Il figure parmi les coups de cœur du New York Times, a remporté le concours Canada Reads et s’est taillé une place sur la liste annuelle des titres favoris de Barack Obama.

    Mme Beaton vit au Cap-Breton avec sa famille.

  • René Homier-Roy

    René Homier-Roy

    Crédit photo : Nic Chevalier

    René Homier-Roy est né à Montréal le 5 avril 1940.

    À compter de 1958, il étudie l’architecture à l’Université McGill, puis les sciences politiques à l’Université d’Ottawa et à l’Université de Montréal. En 1963, il prend la direction des pages Arts et spectacles du Petit journal puis, en 1969, celles du quotidien La Presse.

    En 1973, il lance, avec Varham G. Haroutioun et Paul Azaria, le magazine Nous, qui tire à 100 000 exemplaires et qu’il dirige jusqu’à la fin des années 80. En 1976, après le départ de Lise Payette, il coanime l’émission de fin de soirée Mesdames et Messieurs à la télévision de Radio-Canada.

    En 1982, il lance le magazine Ticket, consacré au cinéma, et anime dès l’année suivante À première vue avec Chantal Jolis, une série d’émissions consacrée à l’actualité cinématographique à la télévision de Radio-Canada.

    Parallèlement, il anime quelques émissions à la radio de CKAC, et coanime Montréal Matin à CKVL, en compagnie de Pierre Bourgault.

    Au cours des années suivantes, il collabore abondamment aux magazines Châtelaine, L’actualité, TV Hebdo et Sélection du Reader’s Digest.

    À compter de mai 1998 et jusqu’en 2013, il anime à la radio de Radio-Canada la matinale C’est bien meilleur le matin, dont les parts de marché passeront de 7 à 21 au fil des ans.

    À la télévision, il anime Viens voir les comédiens, une série de grands entretiens qu’il mène jusqu’en 2012, et qui deviendra ensuite Viens voir les musiciens à la radio.

    Depuis 2014, il anime Culture club sur Ici Radio-Canada Première, un magazine consacré à l’actualité culturelle.

  • Rohinton Mistry

    Rohinton Mistry

    Crédit photo : Mark Leslie

    Rohinton Mistry, romancier et nouvelliste, voit le jour à Bombay, en Inde. Il arrive au Canada en 1975 après avoir obtenu un baccalauréat en mathématiques et en économie du St. Xavier’s College de l’Université de Bombay. Les années suivantes, il travaille dans une banque tout en suivant des cours de soir en littérature anglaise et en philosophie à l’Université Ryerson (aujourd’hui l’Université métropolitaine de Toronto), à l’Université York et à l’Université de Toronto.

    Sa carrière d’écrivain commence en 1983 et son premier livre, Tales from Firozsha Baag, publié en 1987, est finaliste des Prix littéraires du Gouverneur général. Ce recueil de onze récits interconnectés, se déroulant dans les années 1960 et 1970, dépeint les réalités de la vie quotidienne des résidents d’un immeuble délabré de Bombay.

    Trois romans suivent, tous ayant été en lice pour le prix Booker. Such a Long Journey (v. f. Un si long voyage), paru en 1991, explore le conflit entre l’Inde et le Pakistan en 1971, qui conduit à la création du Bangladesh. Ce roman remporte le prix du Gouverneur général, le Commonwealth Writers Prize for Best Book et le SmithBooks/Books in Canada First Novel Award et est porté à l’écran en 1998, sous la forme d’un long métrage très bien accueilli.

    Son deuxième roman, A Fine Balance (v. f. L’équilibre du monde), publié en 1995, transporte le lecteur dans l’Inde des années 1970, période marquée par l’état d’urgence déclaré dans tout le pays. Le livre remporte le prix Giller, le Commonwealth Writers Prize for Best Book, le Los Angeles Times Fiction Prize, le prix Winifred Holtby de la Royal Society of Literature et le prix ALOA du Danemark. Il est aussi sélectionné par le club de lecture d’Oprah et, en 2013, à l’occasion du 20e anniversaire du prix Giller, il remporte le prix « Giller of Gillers » décerné par CBC Books.

    Family Matters (v. f. Une simple affaire de famille), paru en 2002, est son troisième roman. Le protagoniste, un veuf de 79 ans atteint de la maladie de Parkinson, fait face à des conflits familiaux et aux défis du vieillissement. L’ouvrage remporte le Kiriyama Pacific Rim Book Prize for Fiction et le Canadian Authors Association Fiction Award.

    Rohinton Mistry reçoit des diplômes honorifiques de plusieurs universités, ainsi qu’une bourse de la Fondation Pierre Elliott Trudeau et une bourse Guggenheim. Élu membre de la Royal Society of Literature en 2009, il reçoit le Neustadt International Prize for Literature en 2012, et est nommé membre de l’Ordre du Canada en 2016. Ses œuvres sont traduites et publiées dans plus de 35 langues.

  • Shani Mootoo

    Shani Mootoo

    Crédit photo : Mike Gaurdaur

    Shani Mootoo est née en Irlande et passe sa jeunesse à Trinidad, avant de s’installer au Canada au début de sa vingtaine. Elle obtient un baccalauréat en beaux-arts de l’University of Western Ontario (connue aujourd’hui sous le nom d’Université Western) en 1980, et une maîtrise en anglais et en théâtre de l’Université de Guelph en 2010.

    À ses débuts, elle s’investit en tant que vidéaste et artiste en arts visuels, mais, au fil des trois dernières décennies, elle se consacre principalement à l’écriture de romans et de poésie et à la pratique de la photographie.

    Ses œuvres sont exposées dans le monde entier, notamment au Musée d’art moderne de New York (MOMA) et à la Biennale de Venise. Son premier recueil de nouvelles, Out on Main Street, publié en 1993, marque le début de sa carrière littéraire. Son premier roman, Cereus Blooms at Night, paru en 1996 et traduit sous le titre de Fleur de nuit, est sélectionné pour plusieurs prix prestigieux dont le prix Giller, l’Ethel Wilson Fiction Prize et le Chapters/Books in Canada First Novel Award, ainsi que le prix Booker. Ce roman a d’ailleurs été réédité dans les collections Penguin Modern Classic et Vintage Classic.

    Mme Mootoo a fait paraître son premier recueil de poésie, intitulé The Predicament of Or, en 2002. Parmi ses autres œuvres romanesques, on peut citer He Drown She in the Sea, qui a été retenu pour l’International Dublin Literary Award, ainsi que Valmiki’s Daughter et Moving Forward Sideways like a Crab, tous deux ayant été sélectionnés pour le prestigieux prix Giller. Son plus récent roman, Polar Vortex, est également sélectionné pour le prix Giller. Son deuxième recueil de poésie, Cane|Fire, est publié en 2022, et son troisième, Oh Witness Dey!, en 2024.

    Au fil des ans, Mme Mootoo a été écrivaine en résidence dans des universités du monde entier. Elle donne fréquemment des lectures et des conférences à l’échelle internationale. En reconnaissance de son œuvre remarquable, elle s’est vu décerner le titre de docteure en lettres honoris causa de l’Université Western. Elle est lauréate du prix James Duggins Outstanding Mid-Career Novelist Prize de Lambda Literary, ainsi que du prix Engel Findley Award du Writers’ Trust. Le jury du Writers’ Trust a d’ailleurs salué son travail en ces termes : « Faisant preuve d’une compréhension profonde et d’une dévotion sans faille, elle dévoile, d’une manière sans cesse renouvelée à l’intersection de l’identité et de la transformation, le coût inquiétant de la poursuite de ses rêves. »

    Mme Mootoo vit aujourd’hui dans le sud de l’Ontario.

Lauréats 2023

  • Anita Rau Badami

    Jean-Marc Carisse

    Crédit photo : Steve Haskett

    Anita Rau Badami est née en 1961 à Rourkela, dans l’État d’Odisha (Inde). Romancière primée, elle a immigré au Canada en 1991. Ses romans, traduits dans plus de dix langues à l’échelle internationale, portent sur la complexité des relations familiales et sur les enjeux associés à l’immigration en Occident. Son sens de l’humour et ses personnages marquants permettent de mieux appréhender l’expérience canadienne et le patrimoine culturel de notre pays.

    Mme Badami publie sa première œuvre alors qu’elle n’a que 18 ans. Elle obtient un diplôme universitaire à la suite d’études en littérature anglaise, puis un diplôme d’études supérieures dans le domaine des médias de communications communautaires. Elle travaille ensuite comme rédactrice pigiste avant de s’établir au Canada, où elle obtient une maîtrise en littérature anglaise à l’Université de Calgary. Son mémoire devient son premier roman, Tamarind Mem (1996), qui se penche sur la complexité de la mémoire et des attentes familiales.

    Son deuxième roman, La marche du héros (2001), raconte l’histoire d’un Indien ordinaire qui doit prendre soin de sa petite-fille canadienne devenue subitement orpheline. Il remporte le prix régional du meilleur livre par un auteur du Commonwealth ainsi que le prix italien Giuseppe-Berto. Il est également présélectionné pour le prix Orange (devenu le Prix féminin) dans la catégorie des œuvres de fiction et pour le prix littéraire international IMPAC de Dublin, en plus d’être finaliste pour le prix Kiriyama et dans le cadre du concours Canada Reads de 2016.

    Les troisième et quatrième romans de l’auteure sont tous deux présélectionnés pour le prix IMPAC. Entends-tu l’oiseau de nuit? (2006) est quant à lui finaliste pour le prix littéraire de la Ville de Vancouver. L’intrigue se déroule au Canada et en Inde; elle aborde la question des conflits personnels provoqués par les grands événements historiques, comme la partition des Indes en 1947 et l’attentat du vol Air India en 1985. Tell it to the Trees (2012), qui porte sur le silence entourant la violence familiale, est finaliste pour le prix Evergreen de l’Association des bibliothèques de l’Ontario.

    En 2000, Mme Badami devient la plus jeune lauréate du prix Marian-Engel, remis à une écrivaine canadienne en milieu de carrière. Elle écrit présentement son cinquième roman, provisoirement intitulé It Is As It Is, et collabore à la rédaction de l’ouvrage documentaire Mixed Borders: An exchange between countries and continents.

    Mme Badami a présidé le jury des prix Giller en 2017. Elle a également été jurée pour la remise du prix Kiriyama dans la catégorie des œuvres de fiction, des prix de la Société d’encouragement aux écrivains et du premier prix Carol-Shields (2023).

  • Eric Chan

    Jeremy Dutcher

    Crédit photo : Zara Ansar

    Eric Chan (aussi appelé eepmon) est né et a grandi à Ottawa. Artiste numérique connu mondialement, il situe son œuvre au carrefour des beaux-arts, du design et de la technologie. Alliant l’art à la programmation informatique, la tradition à la modernité et les considérations artistiques aux préoccupations commerciales, ses créations sont une habile métaphore de notre société contemporaine en constante évolution.

    Sous son nom d’artiste eepmon, il a collaboré avec Canada Goose, Marvel Entertainment, Microsoft, Snoopy, Quantropi et le Musée des sciences et de la technologie du Canada. Son œuvre Chaos Bloom a été acquise par la Banque d’œuvres d’art du Conseil des arts du Canada. Il a participé à des performances artistiques, notamment dans le cadre de la rétrospective Gutai: Splendid Playground au musée Guggenheim. Ses peintures INTERSECTIONS, basées sur des données ouvertes, ont été exposées à la Gallery O2 Tokyo, à la hpgrp Gallery à New York, à l’Université Carleton et à la Galerie d’art d’Ottawa. En tant que conférencier, il se passionne pour l’enseignement des STIM et des arts ainsi que pour l’esprit d’entreprise dans le domaine des arts.

    En 2018, eepmon s’est rendu en Chine comme délégué de la première mission commerciale du pays dans le domaine des industries créatives, menée par le ministère du Patrimoine canadien. Il a aussi occupé le poste de directeur, puis de vice-président du conseil d’administration de l’Association des musées canadiens de 2017 à 2021.

    M. Chan choisit son pseudonyme pendant ses études universitaires et fonde la société EEPMON Inc. en 2017. En créant ce nom, il veut faire un jeu de mots avec les termes ape (singe) et man (homme) puisqu’il est né en 1980, soit l’année du singe en astrologie chinoise. Le singe lui rappelle aussi que la curiosité et le jeu doivent toujours faire partie de la vie. Dans cet esprit, ses créations comprennent souvent des créatures voyageant dans le monde numérique.

     
  • Michel Jean

    Stan Douglas

    Crédit photo : Mark Leslie

     

    Michel Jean est issu de la communauté de Mashteuiatsh, au Québec. Il est à la fois écrivain, chef d’antenne, animateur et journaliste d’enquête. Son œuvre vise notamment à sensibiliser le lectorat aux enjeux autochtones. Il a su émouvoir des milliers de personnes grâce à ses livres qui abordent de manière sensible des questions complexes, voire douloureuses. Il est aussi reconnu pour son œuvre journalistique considérable.

    Né en 1960, M. Jean étudie l’histoire à l’Université du Québec à Montréal avant de devenir journaliste. Ses expériences en tant que reporter inspirent son premier livre, Envoyé spécial (2008), et quelques-uns de ses romans, comme Un monde mort comme la lune (2009) et Tsunamis (2017).

    De nombreux ouvrages écrits par M. Jean parlent de ses origines innues et de l’expérience des peuples autochtones au Canada. Le roman Kukum (2019), qui raconte l’histoire de sa communauté à travers les yeux de son aïeule, a remporté le prix littéraire France-Québec et une nomination pour le prix littéraire Jacques-Lacarrière en 2020.

    D’autres de ses livres parlent des pensionnats (Le vent en parle encore, 2013), de l’itinérance autochtone à Montréal (Tiohtiá:ke, 2021) et de l’héritage innu de M. Jean (Elle et nous, 2012). Ce dernier a aussi publié des nouvelles, dont le premier recueil écrit par des auteurs autochtones au Québec, intitulé Amun (2016), et Wapke (2021), le premier recueil de nouvelles d’anticipation autochtone publié au Québec.

    En 2022, M. Jean est fait Compagnon de l’Ordre des arts et des lettres du Québec, une distinction honorifique remise à des personnalités du milieu culturel ayant contribué à l’essor artistique et littéraire du Québec.

  • Kevin Loring

    Naomi Fontaine

    Crédit photo : Mark Leslie

    Kevin Loring est membre de la Première Nation Nlaka’pamux, dont les terres se trouvent à Lytton, en Colombie-Britannique. Dramaturge, acteur et metteur en scène, il utilise les méthodes et le vocabulaire du théâtre autochtone pour aborder des enjeux qui touchent les Autochtones. Il cherche à faire connaître leurs histoires et leurs chants dans les communautés autochtones et sur les scènes d’un océan à l’autre.

    M. Loring est diplômé du Studio 58, le prestigieux programme de formation professionnelle en théâtre du Collège Langara, ainsi que du programme de formation générale de Full Circle : First Nations Performance. En 2022, il reçoit un doctorat honorifique de l’Université d’Ottawa. Il a tenu des rôles à la télévision, au cinéma et au théâtre aux quatre coins du pays. Il a aussi prêté sa voix à de nombreux personnages de dessins animés, notamment à Corbeau dans la version originale du film Les légendes du Corbeau, ainsi qu’à deux personnages de la version animée anglaise de la série canadienne Corner Gas.

    En 2009, M. Loring remporte le Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie théâtre de langue anglaise, pour sa pièce Where the Blood Mixes, qui se penche sur l’impact dévastateur des pensionnats autochtones. La pièce obtient aussi les prix Jessie-Richardson et Sydney-J.-Risk du meilleur texte original. L’œuvre Thanks for Giving est quant à elle finaliste des Prix littéraires du Gouverneur général en 2019. Sa dernière pièce, Little Red Warrior and His Lawyer, reçoit également le prix Jessie-Richardson du meilleur texte original en 2022.

    En 2012, M. Loring crée le projet Songs of the Land pour explorer des enregistrements audio de chants et de récits de la Première Nation Nlaka’pamux, qui datent de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle. Il écrit plusieurs pièces dans le cadre de ce projet, dont :

    • Battle of the Birds (2015), sur la violence conjugale et l’abus de pouvoir
    • The Boy Who Was Abandoned (2016), sur la négligence des jeunes et des personnes âgées
    • The Council of Spider, Ant & Fly (2018), sur l’avènement de la mort dans l’univers

    M. Loring est récompensé dans le cadre du Programme de mentorat des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle en 2010. Directeur artistique fondateur de la Savage Society, il devient également le premier directeur artistique du Théâtre autochtone au Centre national des Arts du Canada en 2017. Sous sa direction, la Savage Society remporte en 2022 le prix Jessie-Richardson pour sa contribution exceptionnelle à l’autonomisation et à la promotion des artistes et récits autochtones.

  • Dorothy Williams

    Deepa Mehta

    Crédit photo : Mark Leslie

    Dorothy Williams a grandi dans la communauté noire de la Petite-Bourgogne, à Montréal. Historienne, auteure et chercheuse, elle s’est spécialisée dans l’histoire des Canadiens noirs. Elle a contribué au patrimoine culturel et historique de notre pays grâce à ses exposés, son travail avec l’Office national du film du Canada et ses efforts pour répandre l’accès aux ressources sur l’histoire des Canadiens noirs.

    Son premier ouvrage, intitulé Les Noirs à Montréal, 1628-1986 : Essai de démographie urbaine, a été écrit en 1989 à la demande de la Commission québécoise sur les droits de la personne, qui s’intéressait alors au racisme dans le marché du logement locatif montréalais. Son deuxième ouvrage, The Road to Now: A History of Blacks in Montreal (1997), demeure la seule étude chronologique des personnes noires vivant sur l’île de Montréal.

    En 1995, Mme Williams fonde l’organisme sans but lucratif Diffusions ethnoculturelles afin de recueillir des témoignages oraux sur l’histoire des Noirs à Montréal et de mettre celle-ci à la portée de tous. Onze ans plus tard, elle met sur pied Blacbiblio.com Inc. dans le but de recueillir des sources sur l’histoire des Noirs au pays. Blacbiblio publie La trousse de l’ABC de l’histoire des Noirs du Canada en 2016 afin de promouvoir l’enseignement de l’histoire des Noirs dans les écoles canadiennes. Mme Williams donne également un cours très apprécié à l’Université Concordia qui vise à déconstruire les mythes et les idées reçues concernant l’histoire des Noirs à Montréal.

    Mme Williams est lauréate de nombreux prix, dont le prix Mathieu-da-Costa. Elle est la première Canadienne à décrocher la prestigieuse bourse E.-J.-Josey de l’American Library Association. En 2002, elle reçoit le Prix québécois de la citoyenneté et le prix Anne-Greenup pour la lutte contre le racisme et la promotion de la participation civique. En 2022, elle reçoit le prix John-G.-Dennison à titre de récompense pour ses recherches, ses publications savantes, son enseignement et ses allocutions mettant en valeur l’histoire des Noirs au pays.

    Toujours en 2022, l’Afromusée (le premier musée québécois dédié aux Noirs) décide de lui consacrer son exposition inaugurale pour la remercier d’avoir fait connaître au monde l’histoire des Noirs au Québec. La CBC l’a aussi inscrite sur sa liste des personnes noires porteuses de changement en 2022.

Lauréats 2022

  • Jean-Marc Carisse

    Jean-Marc Carisse

    Crédit photo : Jean-Marc Carisse

    Jean-Marc Carisse est un photojournaliste, artiste visuel et auteur canadien accompli. Il photographie des scènes de la vie politique, culturelle et sociale partout dans le monde depuis plus de 50 ans, notamment à Ottawa. Ses photographies exceptionnelles demeureront une source d’inspiration pour de nombreuses générations d’artistes visuels canadiens. Son œuvre, témoignage puissant de notre histoire collective, enrichit notre patrimoine culturel.

    M. Carisse est surtout connu pour les clichés qu’il a pris sur le vif en tant qu’un des photographes officiels de trois premiers ministres du Canada. En 2000, il décrit son expérience dans son livre Moments privilégiés avec Trudeau, Turner & Chrétien. Il a aussi été photographe accrédité pour de nombreux événements mondiaux (sommets du G7 et du G8; Sommet des bâtisseurs de la paix; sommets de la francophonie; Sommet des Amériques; etc.) ainsi que pour des organisations intergouvernementales (Nations Unies, Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, Coopération économique Asie-Pacifique, etc.).

    Son exposition photographique Mes années Trudeau est présentée à Bibliothèque et Archives Canada d’octobre 2002 à avril 2003. Elle est prolongée de trois mois en raison de sa grande popularité, avant d’être déplacée à Winnipeg. Avec ses images inédites, l’exposition témoigne de la relation professionnelle et du respect mutuel qui unit Pierre Trudeau et M. Carisse. La dernière rencontre entre les deux hommes, survenue quelques semaines avant le décès de M. Trudeau, est une manifestation de cette étroite relation.

    M. Carisse a donné à BAC une partie de ses collections de photos liées à Pierre Trudeau, John Turner et Jean Chrétien (69 000 négatifs dans le fonds Jean-Marc Carisse) et à Jean Chrétien (400 0000 négatifs dans le fonds Jean Chrétien).

    M. Carisse détient un baccalauréat en arts de l’Université d’Ottawa obtenu en 1974. En 2002, il reçoit la Médaille du jubilé d’or de la reine pour sa contribution exceptionnelle au Canada.

  • Jeremy Dutcher

    Jeremy Dutcher

    Crédit photo : Vanessa Heins

    Jeremy Dutcher, membre de la Première Nation Tobique au Nouveau-Brunswick, est tout à la fois artiste, compositeur, activiste et musicologue. Son œuvre concilie constamment l’ancien et le nouveau, l’historique et le contemporain, dans des compositions et des mélodies audacieuses. En réinventant les chants traditionnels de ses ancêtres de la Première Nation Wolastoq, il fait revivre des histoires du passé et perpétue la langue wolastoqey.

    M. Dutcher a étudié la musique et l’anthropologie à l’Université Dalhousie, à Halifax. Après avoir obtenu son diplôme, il travaille aux archives du Musée canadien de l’histoire, où il transcrit des chansons wolastoq à partir de cylindres de cire centenaires.

    Inspiré par des enregistrements de son ancêtre datant de 1907 à 1914, il enregistre son premier album, Wolastoqiyik Lintuwakonawa, et le publie en avril 2018, à l’âge de 27 ans. Dans cet album, il utilise des archives de façon créative pour créer une œuvre contemporaine vivante entièrement chantée en wolastoqey.

    En 2018, un grand jury lui décerne le prix Polaris du meilleur album canadien de l’année pour son œuvre Wolastoqiyik Lintuwakonawa. L’année suivante, aux prix Juno 2019, M. Dutcher remporte le prix de l’album de musique autochtone de l’année.

     
  • Stan Douglas

    Stan Douglas

    Crédit photo : Evaan Kheraj

    Stan Douglas est artiste visuel et photographe. Il est né à Vancouver, en Colombie-Britannique, où il demeure toujours. Tout au long de sa carrière, M. Douglas reconstitue des moments charnières de l’histoire canadienne, explorant de nombreux thèmes comme la géographie, la culture, la littérature, la musique, les médias ou la révolution sociale. Il obtient des résultats exceptionnels, notamment grâce à son souci du détail.

    M. Douglas étudie à l’Emily Carr College of Art de Vancouver au début des années 1980. En 1993, il devient le deuxième artiste mis en vedette à la David Zwirner Gallery. C’est sa première exposition solo aux États-Unis. Fasciné par l’histoire, il reconstitue et réinterprète des artéfacts culturels (films, livres et photographies) pour trouver de nouvelles vérités ou perspectives dans diverses disciplines.

    Ses œuvres sont conservées dans de grands musées canadiens ou étrangers : le Musée des beaux-arts de l’Ontario, le Centre Pompidou à Paris, le Musée d’art moderne et le musée Guggenheim à New York, le Musée d’art moderne à San Francisco et le Tate Modern à Londres. Elles sont également présentées dans des expositions internationales comme Documenta IX, X et XI (1992, 1997 et 2002) et la Biennale de Venise (1990, 2001, 2005 et 2019).

    M. Douglas a reçu plusieurs récompenses, dont le prix Audain des arts visuels (2019), le prix Hasselblad (2016), le Prix de la photographie de la Banque Scotia (2013) et le prix Infinity du Centre international de la photographie (2012). Il est Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres en France. Il a aussi été nommé, pour la première fois, représentant du Canada à la 59e Biennale de Venise, qui aura lieu d’avril à novembre 2022.

  • Naomi Fontaine

    Naomi Fontaine

    Crédit photo : Jason Blanchard

    Naomi Fontaine, membre de la Nation innue Uashat, au Québec, est romancière et enseignante. Grâce à son travail, le passé et le présent, les joies et les peines du peuple innu touchent des milliers de lecteurs et de cinéphiles, bien au-delà des frontières du Canada. Elle contribue grandement à la culture et à la mémoire collective canadiennes, en plus de jouer un rôle important dans la formation des adultes de demain. Elle est reconnue pour son engagement envers le dialogue entre les peuples et la réconciliation.

    Mme Fontaine a étudié à l’Université Laval. Elle est l’une des plus éminentes écrivaines autochtones de la littérature canadienne francophone contemporaine. À 23 ans, elle écrit son premier roman, Kuessipan (2011), en français. Ce roman poétique révolutionne la littérature autochtone puisqu’elle est la première auteure innue à raconter une histoire contemporaine.

    Son deuxième roman, Manikanetish (2017), raconte l’histoire d’une jeune enseignante qui retourne dans sa collectivité innue éloignée et transforme la vie de ses élèves. Son plus récent livre, Shuni (2019), porte également sur sa collectivité. Il raconte les histoires de personnes vivant à Uashat pour amener les lecteurs à aller au-delà des statistiques.

    Mme Fontaine a été mise en nomination pour de nombreux prix, dont le Prix des 5 continents de la Francophonie (2011) et le Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie romans et nouvelles de langue française (2018). Son premier roman est adapté avec succès au cinéma en 2019. Le film est en nomination pour le prix Iris du meilleur scénario au 22e gala Québec Cinéma, en 2020.

  • Deepa Mehta

    Deepa Mehta

    Crédit photo : Janick Laurent

     

    Deepa Mehta est une cinéaste qui a mérité une mise en nomination aux Oscars. Elle est née à Amritsar, en Inde, en 1950, et elle s’est installée au Canada en 1973. Conteuse magistrale, elle s’intéresse à l’histoire, aux traditions et aux réalités parfois difficiles de l’expérience humaine, tant dans son pays natal que dans son pays d’adoption. Son utilisation méticuleuse des œuvres littéraires et des archives lui permet de contribuer au patrimoine culturel et historique du Canada de manière remarquable.

    Mme Mehta a un diplôme en philosophie du collège pour femmes Lady Shri Ram, à l’Université de Delhi. En 1996, elle fonde Hamilton-Mehta Productions avec son mari, le producteur David Hamilton, à Toronto. Elle estime que le pouvoir du cinéma réside dans sa capacité à promouvoir le dialogue. Ses films provocateurs et émouvants, souvent axés sur les droits de la personne et les injustices sociales, lui valent une réputation internationale.

    Mme Mehta a remporté des prix pour plusieurs films : sa trilogie des éléments – Feu (1996), Terre (1998) et Eau (2005), ce dernier ayant été mis en nomination pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2007 –, Bollywood/Hollywood (2002), Le paradis sur terre (2008), Les enfants de minuit (2012), Anatomy of Violence (2016) et Funny Boy (2020). Elle a aussi réalisé des épisodes de Leila (série originale sur Netflix), Sur la route des rêves (Apple TV) et Yellowjackets (Showtime). Elle travaille actuellement sur le long-métrage Burnt Sugar (ou Girl in White Cotton), qui s’inspire d’un roman d’Avni Doshi en lice pour un prix Booker.

    Mme Mehta a reçu le Prix du Gouverneur général pour l’ensemble de son œuvre dans les arts du spectacle en 2012, ainsi que la Médaille du jubilé de diamant de la Reine. En 2013, elle est nommée au sein de l’Ordre de l’Ontario et de l’Ordre du Canada.

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