Yousuf Karsh : La quête de l’excellence

Yousuf Karsh travaillant à la légation de France

Nous explorons, dans cette émission, l’histoire de Yousuf Karsh. Celui‑ci immigre au Canada durant son adolescence et concrétise son rêve de devenir un photographe de renommée internationale. Nous sommes en compagnie de Robert Evans, spécialiste de Yousuf Karsh, et de Jill Delaney, archiviste en photographie à Bibliothèque et Archives Canada. Ils nous expliquent qui était Yousuf Karsh et pourquoi ses photographies sont si particulières et attrayantes. De plus, ils parlent de l’importance de cet homme pour les Canadiens et décrivent le fonds Yousuf Karsh de Bibliothèque et Archives Canada.

Durée : 39:45

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Date de publication : 28 juillet 2015

  • Transcription d'épisode 23

    Jessica Ouvrard : Bienvenue à « Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre histoire, votre patrimoine documentaire ». Ici Jessica Ouvrard, votre animatrice. Joignez-vous à nous pour découvrir les trésors dont recèlent nos collections, pour en savoir plus sur nos nombreux services et pour rencontrer les gens qui acquièrent, protègent et font connaître le patrimoine documentaire du Canada.

    Dans cette émission, on étudie l’histoire de Yousuf Karsh, un homme qui arrive au Canada pendant son adolescence et qui concrétise son rêve de devenir un photographe reconnu partout dans le monde. On est en compagnie de Robert Evans, spécialiste de Yousuf Karsh, et de Jill Delaney, archiviste en photographie à Bibliothèque et Archives Canada. Ils vont nous expliquer qui est Yousuf Karsh et pourquoi ses photographies sont si particulières et attrayantes. De plus, ils parleront de l’importance de cet homme pour les Canadiens et décriront le fonds Yousuf Karsh de Bibliothèque et Archives Canada.

    Si vous voulez voir des images en lien avec cette émission, allez à www.bac-lac.gc.ca/balados et regardez notre album sur Flickr tout en nous écoutant.

    Bonjour Robert.

    Robert Evans : Bonjour Jessica.

    JO : Merci d’être avec nous aujourd’hui.

    RE : Ça me fait plaisir.

    JO : Pourriez‑vous parler de votre parcours et nous dire comment vous avez commencé à vous intéresser à Karsh?

    RE : Pour commencer, j’ai fait une maîtrise en histoire de l’art qui portait principalement sur la photographie canadienne. Pendant mon doctorat, j’ai eu la chance de travailler sur le Musée du portrait, qui faisait partie de l’exposition organisée par Bibliothèque et Archives Canada pour fêter le centenaire de Karsh. L’exposition était organisée en partenariat par le Musée du portrait et le Musée des sciences et de la technologie du Canada. Je ne connaissais pas beaucoup Karsh au début, mais je pouvais au moins placer son œuvre dans son contexte.

    L’année suivante, une grande équipe de conservateurs a été créée, et j’ai commencé à faire de la recherche plutôt qu’à travailler sur l’exposition. J’ai surtout travaillé sur le début de la carrière de Karsh, notamment sur le volet Evolution de Karsh de l’exposition [Becoming Karsh]. J’ai aussi été photographe pendant quelques années, alors j’étais un peu une référence en photographie pour les conservateurs. C’est quoi cette matière rouge sur les négatifs? Pourquoi il a choisi de faire les choses comme ça? C’est quoi ce matériel? Des questions comme ça.

    JO : Les questions techniques…

    RE : Les aspects techniques de la chose, exactement. D’ailleurs, Karsh m’a toujours fasciné parce qu’il minimisait toujours l’importance des aspects techniques, mais c’était un magicien de la chambre noire.

    JO : On a beaucoup écrit sur Yousuf Karsh et son histoire. Pouvez‑vous tracer un bref portrait de l’homme qu’il était et de son importance pour les Canadiens?

    RE : Il est d’origine arménienne. Sa famille a été forcée de partir pour la Syrie au début des années 1920, mais lui disait qu’ils ont eu la possibilité de partir. Karsh a pu venir vivre au Canada, à Sherbrooke, avec son oncle George Nakash en 1924. C’est le rêve américain : un jeune immigrant qui fait partie d’une minorité visible – extrêmement visible même – arrive à Ottawa dans les années 1930 et réussit à se tailler une réputation internationale même s’il travaille dans une ville relativement petite, à Ottawa.

    Pour les Canadiens, c’est la belle histoire d’une personne qui vient au Canada à la poursuite de ses rêves. C’est vrai qu’Ottawa n’est pas son premier choix : il voulait s’établir à Washington, aux États‑Unis. Mais les choses ont plutôt bien tourné pour lui à Ottawa.

    JO : Qu’est‑ce qui le distingue des autres photographes?

    RE : Beaucoup parlent de son éclairage et de la qualité de ses épreuves, et avec raison. Ses photos sont extraordinaires quand on regarde les originaux. C’est vrai qu’on peut les voir en ligne ou dans des magazines, mais la plupart des copies ne rendent pas justice aux originaux. Pour moi, Karsh est dans une classe à part en raison de toute la préparation, de l’immense travail qu’il faisait quand il pouvait photographier des personnes célèbres, car il a tenu un commerce pendant des années.

    Quand j’étais à l’école à Halifax, dans les années 80, j’ai vu un magazine avec une publicité sur les services de Karsh à Ottawa. N’importe qui peut prendre rendez‑vous avec lui pour se faire photographier. Il gardera son commerce pendant des décennies, mais à un certain moment, il part à la chasse aux célébrités. Il est en quête de l’excellence, comme il dit; il veut faire le portrait de ceux qui la personnifient. Il fait beaucoup de recherches. Et il ne faut jamais oublier que la prise de portraits est d’abord et avant tout un acte social, ce qui est vrai pour tout le monde, pas juste pour Karsh.

    JO : En effet.

    RE : Les meilleurs portraitistes ont beaucoup d’entregent. Karsh a rapidement compris ça, notamment grâce à John Garo, un autre Arménien venu aux États‑Unis, à Boston. En travaillant avec lui dans sa jeunesse, Karsh a appris à quel point c’est important de connaître son métier, de faire preuve de professionnalisme et de bien faire la conversation. Pour ça, il investit beaucoup de temps. Je relisais mes notes sur l’exposition avant l’émission; on avait fait une étude de cas sur le travail de Karsh avec l’actrice italienne Anna Magnani. La correspondance dure un bon deux ans; elle commence avant la prise de la photo et se poursuit après.

    JO : Vraiment?

    RE : Il demande à des gens : « Quelle sorte de questions je devrais poser? » « Est‑ce que je devrais photographier cette personne? » Il reçoit des questions, puis les envoie à des éditeurs. Il prépare un livre à cette époque, alors ça fait partie d’un grand processus. Karsh fait ce type de recherches parce qu’il veut pouvoir parler aux gens et les mettre à l’aise.

    JO : Et il veut parler de choses importantes pour elles.

    RE : Exactement!

    JO : Très intéressant. Est‑ce que ça fait partie d’une espèce de mythe qui entoure Karsh?

    RE : Ce qui est spécial chez Karsh, quand on regarde ses archives, c’est qu’il a très tôt voulu devenir quelqu’un. Il y a eu un célèbre échange entre lui et sa première épouse Solange Gauthier. Elle demande à Karsh s’il essaye de devenir riche ou célèbre, et il répond qu’il veut devenir célèbre. Je pense qu’il est conscient de ce qui se passe, et il commence très jeune à conserver tous ses papiers, même les plus anodins.

    JO : Donc il conserve des archives?

    RE : Oui. Elles ne sont pas toujours très bien organisées, car il garde beaucoup de versions de tant de documents! Il sait qu’il est en train de bâtir quelque chose. Alors quand on parle de mythe, Karsh fait deux choses avec son œuvre. D’abord, il nous donne une meilleure connaissance des personnages importants qu’il photographie. Le meilleur exemple de ça, c’est le portrait de Churchill, j’y reviendrai. Mais en même temps, il construit son propre mythe, celui du photographe qui correspond avec tant de personnes exceptionnelles.

    JO : J’imagine que ça a incité beaucoup de personnes connues à se faire photographier par Karsh? Les choses prennent plus d’ampleur.

    RE : Je sais que ça peut paraître négatif, mais à partir d’un certain moment, il y a presque une symbiose. À partir des années 50, donc 10 ans après son portrait de Churchill, la réputation de Karsh est faite. Il travaille aussi sur le livre Portraits de l’excellence [Portraits of Greatness]. À cette époque, se faire photographier par Karsh est un exploit en soi.

    JO : À quoi peut‑on reconnaître les photos de Karsh?

    RE : Certains portraits ont des caractéristiques bien précises, dont un éclairage théâtral. La peinture baroque a probablement exercé une influence. John Garo encourageait Karsh à visiter la bibliothèque publique et le Musée des beaux‑arts de Boston, et à étudier la peinture, l’histoire, les arts visuels, la sculpture et l’éclairage.

    On peut probablement y voir un certain intérêt pour Rembrandt et le type de peintres qui représentent des figures sortant de l’obscurité : un contraste prononcé ou la mise en valeur des cheveux, d’un côté du visage, des choses comme ça. On retrouve ces caractéristiques sur de nombreuses photos de Karsh, mais il faisait souvent des exceptions à ses propres règles. La qualité de ses épreuves en est un signe. Dans une véritable exposition de ses photos, on constate que la qualité est inégalée. Je pense aussi que Karsh a du talent pour photographier les personnes comme si elles étaient perdues dans leurs pensées. Certains diront que c’est comme une révélation. Peu importe comment on appelle ça, c’est une des fonctions remplies par les portraits depuis l’époque romantique : révéler la psychologie d’une personne.

    JO : C’est aussi un portrait de l’âme.

    RE : Le portrait révèle l’âme, le caractère profond d’une personne. L’idée tire ses origines de la physionomie et d’autres pratiques de la fin du 18e siècle. La question est de savoir si c’est possible, s’il y a des choses essentielles comme ça à révéler. Ce qu’il faut retenir, je pense, c’est que Karsh discute, fait des recherches, se prépare et accueille bien ses hôtes pour les mettre à l’aise pendant la séance de photographie. Il est souvent capable de leur faire prendre un air naturel.

    Par contre, il a déjà dit qu’il n’aimait pas photographier des acteurs parce qu’ils sont trop habitués à prendre une pose, à présenter certains visages au public, et c’est pas mal à ça que servent les portraits. Quand on y pense, tout le monde le fait. Si vous me preniez en photo à l’instant, je me demanderais de quoi je veux avoir l’air. J’ai une imperfection sur le côté droit du visage alors je montrerais mon profil gauche, des petits détails comme ça. Ce n’est donc pas évident de trouver un visage qui représente fidèlement mon état psychologique.

    Je trouve que Karsh est bon pour ça. Ce qui me fascine chez lui, au‑delà des images, ce sont les histoires et les textes qui les accompagnent. Les histoires donnent vie aux photos, c’est un projet que Karsh exécute dans ses livres et ses publications. C’est ça qui est unique chez lui : oui, il maîtrise l’éclairage, oui, c’est un expert de la chambre noire, et oui, il a de l’entregent, mais il fait beaucoup plus que des photos.

    JO : Où est‑ce que Karsh apprend et perfectionne sa technique en photographie?

    RE : Il commence par apprendre les techniques de base avec son oncle George Nakash à Sherbrooke, dans les années 20. Son oncle est un photographe commercial influencé par le pictorialisme, un courant artistique de la fin du 19e et du début du 20e siècle qui devient le style de prédilection des clubs de photographie au début du 20e siècle. Tout le monde fait ça. Le but est de transformer la photographie en art et de lui enlever un peu son aspect mécanique. Autrement dit, il faut que la photo soit plus révélatrice.

    Ensuite, il va travailler avec John Garo à Boston. Pour utiliser le vocabulaire actuel en histoire de l’art, je dirais que Garo est de la vieille école, même pour son époque, c’est‑à‑dire vers la fin des années 20. C’est un adepte du pictorialisme, alors il emploie souvent le flou artistique et des matériaux de remplacement. Il lui arrive même de retoucher les photos pour donner l’impression qu’elles ont été faites à la main, et il utilise seulement l’éclairage ambiant. Karsh aussi apprend cette technique, car il utilise lui‑même la lumière ambiante, mais c’est à Ottawa qu’il apprend à la maîtriser, quand il commence à fréquenter l’Ottawa Little Theatre. Il se fait plusieurs contacts qui vont l’aider socialement grâce au gouverneur général de l’époque, lord Bessborough.

    En ce qui concerne sa technique photographique il semble avoir compris que l’important n’est pas de créer un effet d’isolement avec la lumière, comme les tableaux baroques auraient pu lui laisser croire. L’enjeu est plutôt d’utiliser la lumière artificielle à volonté pour créer un effet qui, poussé à l’extrême, donnerait une impression de ténèbres. C’est ce qu’il a appris au théâtre d’Ottawa, je pense.

    JO : Oui, un éclairage intense donne souvent un effet théâtral.

    RE : Très théâtral, mais d’un autre côté, il a aussi fait un certain nombre de portraits, surtout de femmes, avec un éclairage en hautes valeurs. Prenons par exemple la princesse de Monaco… euh…

    JO : Grace.

    RE : C’est ça, la princesse Grace (rires). Si vous regardez son portrait, celui d’Audrey Hepburn ou même le dernier portrait des Clinton, ils ont tous un éclairage en très hautes valeurs, uniforme, très subtil. Ce ne sont pas des œuvres très théâtrales. Il utilise toute une gamme de techniques, mais si vous me demandiez de vous montrer une photo typique de Karsh, j’en prendrais une avec un éclairage théâtral, peut‑être influencée par les projecteurs au théâtre.

    Une autre chose qu’il a dû apprendre au théâtre est la capacité de savoir ce qui va plaire au public. Il a dû regarder des pièces et remarquer l’harmonie entre le théâtre et la photographie. C’est indéniable qu’il a toujours eu ce sens du théâtre et du spectacle. Peut‑être pas à l’extrême comme un Leibovitz des temps modernes ou des années 70 ou 80, mais de manière beaucoup plus subtile et naturelle.

    JO : Quel a été le rôle de sa famille et de ses amis dans sa carrière?

    RE : Karsh comptait beaucoup sur les autres pour trouver du travail, prendre des rendez‑vous, organiser ses voyages, un peu de tout. À part son oncle George Nakash et John Garo, deux personnes l’aident beaucoup après la fondation de son commerce : ses épouses Solange et Estrellita. Les deux sont à la fois des conjointes et des partenaires d’affaires.

    Dès le début, Solange l’aide à construire des plateaux dans son studio. Puis, quand le commerce de Karsh les occupe à temps plein, c’est souvent elle qui prend les notes pendant les séances et qui s’occupe de la correspondance. Estrellita fait sensiblement les mêmes tâches. Je pense que les deux lui donnent l’appui nécessaire. Elles sont le complément parfait à divers stades de sa carrière.

    Il faut aussi parler de ses employés, c’est bien intéressant. Dans son livre publié autour du centenaire de la naissance de Karsh, Maria Tippett ne présente pas vraiment Karsh comme un saint. Elle le critique parfois, surtout pour la manière dont il traitait ses employés. Cela dit, la plupart d’entre eux restent à son service pendant des décennies, alors ça ne devait pas être si pire que ça, et Karsh comptait beaucoup sur eux. Il leur écrit des notes et n’est pas très démonstratif envers eux. Il n’a pas le don de dire merci, mais il compte beaucoup sur eux. Ignas Gabalis s’occupe des tirages au cours des dernières décennies, pendant 30 ans au moins, je pense. Certains diront même qu’il est meilleur que Karsh pour ça, car Karsh manque de patience. Le caractère difficile est un autre trait des génies, après tout. Pas le temps de m’en occuper, il faut que ça sorte! Tandis qu’Ignas s’enferme dans la chambre noire le temps qu’il faut pour que le tirage soit parfait.

    On peut s’en rendre compte dans la collection de BAC. Karsh a laissé des notes au crayon plomb : plus foncé, plus clair, corrige ce défaut, fais ci, fais ça. C’est une interaction normale; beaucoup de photographes font développer leurs photos par quelqu’un d’autre. On a une vision romancée de l’artiste qui fait tout du début à la fin, mais en fait, Cartier‑Bresson ne développait pas ses photos, et Avedon non plus. En général, les grands photographes ne développent pas leurs photos; ils ont un imprimeur qui joue un rôle important, qui contribue au produit final, et ils travaillent ensemble.

    JO : Bonjour Jill.

    Jill Delaney : Bonjour Jessica.

    JO : Merci d’être venue.

    JD : Merci de m’avoir invitée.

    JO : Entrons tout de suite dans le vif du sujet. Comment les œuvres de Yousuf Karsh ont abouti à BAC?

    JD : C’est une longue histoire que je vais essayer de résumer. L’histoire est longue parce que, quand des archives font l’acquisition d’un fonds aussi volumineux, ça prend du temps. La collection est arrivée en deux grandes parties : la première en 1987 et la deuxième en 1997. Celle de 1987 comprenait la plupart des photos prises depuis l’ouverture du studio, en 1932, jusqu’en 1987. Ça a pris des années pour faire le tri dans tout ça, et la relation entre Karsh et les Archives publiques du Canada, comme on les appelait à l’époque, a commencé à s’établir dans les années 70.

    JO : J’allais dire que les discussions ont dû être longues avant qu’il donne son œuvre à BAC.

    JD : Il n’a pas dû être difficile à convaincre. D’abord, il a toujours été un grand patriote; il était fier d’être Canadien et tenait beaucoup à garder son studio à Ottawa. Il a toujours été fier de dire qu’il était Canadien, alors il voulait que son œuvre appartienne à une institution canadienne. Mais dans les années 80, quand ils commencent à se demander ce qu’ils feront avec la collection, beaucoup d’institutions américaines et européennes s’y intéressent.

    La relation a commencé au milieu des années 70. Des petits ensembles d’épreuves ont été acquis dans les années 70 et au début des années 80. Ça a un peu permis aux deux parties de démontrer leur bonne volonté. Ensuite, de longues négociations ont mené à la première acquisition, dans les années 80. Celle des années 90 comprenait toutes les photos prises de 1987 à 1992, donc jusqu’à la fermeture du studio. On retrouve également tous les documents d’affaires du studio, ce qui est tout aussi important.

    JO : On a des documents depuis le tout début finalement.

    JD : C’est ça. Il n’y a pas beaucoup de documents des années 30, mais à partir des années 40, il y en a pas mal plus : 60 mètres linéaires.

    JO : De papier?

    JD : Oui. Les documents textuels sont fascinants; il y a beaucoup de lettres formidables.

    JO : Puisqu’on en parle du fonds documentaire, qu’est‑ce qu’on y trouve?

    JD : En tout, on a environ 353 000 documents photographiques. Ça comprend tous les négatifs et les tirages, dont les négatifs sur plaque de verre que Karsh commence à utiliser dans les années 30 jusqu’au début des années 40. Après, il passe au film de sécurité. Puis il commence à utiliser la couleur, alors il y a des diapositives en couleur, des sélections chromatiques et des tirages en couleur, et aussi des tirages noir et blanc, des copies de travail, des épreuves rouges, des brillants, des photos d’exposition, des tirages « TV », comme Karsh les appelle, ce sont de grands tirages laminés sur du carton, pas idéal pour les archives, mais ils servent de décor pour les entrevues à la télévision, des choses comme ça. C’est une énorme collection de matériel photographique.

    JO : En plus de tout ce matériel photographique, il y a 60 mètres de papier.

    JD : Oui, 60 mètres de documents textuels. Il y a quelques œuvres d’art, et ses prix, car il en a gagné beaucoup. Il y a aussi un bon volet audiovisuel, car il a été interviewé souvent à la radio et à la télévision. On a aussi le documentaire que Harry Rasky a fait sur lui.

    JO : Est‑ce qu’il y a des documents accessibles en ligne?

    JD : Oui, beaucoup de ses œuvres sont en ligne. Il y a quelques années, on a lancé un projet pour numériser certains de ses premiers négatifs. Des négatifs sur plaque de verre ont donc été numérisés, mais on a aussi fait des nitrates, parce qu’il a fait des photos en nitrate pendant quelques années, pas longtemps. La numérisation se faisait souvent pour préserver les photos. Si vous allez en ligne, vous verrez qu’environ 2 800 images comme ça sont numérisées. Il y a les négatifs d’origine, mais on a aussi produit des images positives, alors vous pouvez les voir. C’est vraiment intéressant de voir certaines œuvres des tout débuts.

    JO : Est‑ce que le fonds peut être consulté en personne?

    JD : Tout à fait! L’accès à tous les documents photographiques est ouvert; il n’y a aucune restriction sur l’accès. Les négatifs sur plaque de verre et certaines photos d’exposition doivent être consultés en compagnie d’un archiviste dans notre centre de préservation parce qu’ils sont très fragiles, mais l’accès est ouvert. Pour les documents textuels, certains documents sont ouverts, d’autres non. Il faut obtenir la permission de la succession pour les consulter.

    JO : Pouvez‑vous raconter l’histoire de la célèbre photo de Winston Churchill?

    RE : Oui, cette histoire est connue depuis la création de la photo ou presque, j’y reviendrai. Elle est racontée quand la photo est publiée pour la première fois. Churchill est en Amérique du Nord un peu après l’attaque de Pearl Harbor. Les Américains entrent en guerre, mais Churchill est venu soutenir la cause de la guerre en Europe, parce que le Royaume-Uni est pas mal isolé à ce moment‑là; presque toute l’Europe continentale est vaincue.

    Churchill prend la parole au cours d’une session conjointe aux États‑Unis, puis il vient au Canada et il fait la même chose à une séance conjointe du Sénat à la Chambre des communes, ici à Ottawa. Karsh sait que Churchill doit venir. Il est déjà connu et il a des contacts au Bureau du contrôleur général et avec William Lyon Mackenzie King. Alors il profite de ses contacts aux plus hauts échelons du gouvernement canadien pour avoir la chance de photographier « le grand homme », comme il appelle Churchill, pendant son passage ici.

    Churchill finit son allocution et quitte l’assemblée. Il traverse les appartements du président, et Karsh l’attend, ses lumières déjà placées. Il paraît que Churchill dit alors : « Qu’est‑ce que c’est que ça? Je ne suis au courant de rien. » Aucun adjoint de Churchill ne lui a dit qu’un photographe canadien l’attendrait pour le photographier après son allocution.

    Churchill n’est pas très impressionné. Il allume son cigare, et Karsh lui dit qu’il faudrait une photographie pour conserver une trace d’un moment historique comme celui‑là pour la postérité. Churchill lui dit de prendre une photo, et vite, et Karsh lui demande s’il peut lui enlever son cigare. Un cigare ne convient pas pour une occasion aussi solennelle, alors il enlève le cigare de la bouche de Churchill et le met dans un cendrier spécialement prévu pour l’occasion, parce qu’il connaissait Churchill. C’est à ce moment‑là que Churchill se renfrogne et met sa main sur ses hanches. Vous savez l’air terrifiant qu’il prend, et c’est à ce moment que Karsh prend la photo.

    Il faut souligner que c’est de là que vient le nom de la photo, Le Lion ou Le lion rugissant, parce que Churchill lui dit : « M. Karsh, vous êtes capable d’arrêter un lion en plein élan », ou quelque chose comme ça, et il accepte de poser pour une deuxième photo.

    Cette deuxième photo est très différente. Il paraît que c’est la photo favorite de la famille de Churchill. Elle montre un gentleman âgé et aimable, très souriant et facile à approcher. C’est intéressant de voir que des deux images, Karsh choisit celle où Churchill est renfrogné. C’est cette photo qu’il doit envoyer au magazine Saturday Night. Alors il travaille sur le tirage et la photo est publiée pour la première fois dans le magazine en janvier 1942.

    Avant même qu’il leur envoie la photo, son épouse Solange écrit une lettre au rédacteur en chef de Saturday Night, un dénommé Sandwell je pense, pour lui raconter l’histoire. Bibliothèque et Archives en a une copie tapée à la machine. En gros, elle dit que Karsh est fatigué et qu’il travaille, mais qu’elle l’a obligé à lui raconter l’histoire. C’est l’histoire qu’elle a racontée, dans ses propres mots. Elle l’écrit et l’envoie au rédacteur en chef. C’est rare qu’on connaisse le moment exact où une histoire commence.

    JO : Oui, la source.

    RE : Mais ce n’est que le début, cette histoire de la rencontre entre Karsh et Churchill et de la création du Lion. C’est vraiment grâce à cette photo que Karsh peut faire une tournée du Royaume‑Uni pendant la guerre pour photographier des dirigeants militaires et civils et des femmes de lettres.

    Avant ça, Karsh faisait plusieurs types de photographies, selon les besoins : des photos‑passeport, des photos de mariage ou des bals de débutantes, des partys et des pièces de théâtre. Il prend des photos artistiques qu’il envoie à des expositions. Il fait de tout, mais il réussit à très bien se positionner à Ottawa.

    Il a entretenu ses contacts, et quand il obtient « la » photo, il sait qu’il doit saisir l’occasion, et il l’envoie. Il l’envoie au premier ministre, à Churchill et à Franklin Delano Roosevelt aux États‑Unis; il l’envoie partout, et son nom est sur la photo. Puis elle commence à apparaître dans les grands médias, d’abord dans Saturday Night, puis dans l’Illustrated London News, et à peu près au même moment dans le magazine Life, pas sur la couverture comme on pense généralement, mais à l’intérieur. La photo apparaît seulement en page couverture quand le magazine fait une rétrospective sur Churchill.

    Grâce à cette publicité de masse, tout le monde écrit à Karsh pour demander des copies de la photo : dites‑moi combien ça coûte, est‑ce que je peux avoir une 16 X 20, est‑ce que je peux en avoir 10 copies, est‑ce que je peux… tout le monde se l’arrache. Cette photographie est vraiment le tournant dans la carrière de Karsh. Il a fait beaucoup de belles choses très intéressantes après ça, et même de meilleures œuvres à mon avis, mais c’est cette photo qui a lancé sa carrière.

    JO : Oui.

    RE : Ça ne fait aucun doute.

    JO : J’allais vous demander si Karsh avait fait autre chose que des portraits, mais est‑ce qu’il a continué à faire d’autres photos par la suite?

    RE : Oui. Publiquement, après la photo de Churchill, il met l’accent sur les portraits. Il ne peut pas vraiment faire autrement non?

    JO : En effet.

    RE : (rires)

    JO : C’est sa carte de visite.

    RE : Exactement. Il n’est pas pour faire des natures mortes après avoir pris cette extraordinaire photo de Churchill. Alors oui, il se concentre sur ce type de portraits, du moins pour ses activités commerciales.

    Ensuite ça s’essouffle un peu, disons dans les années 1950, et c’est plus difficile d’accéder à certaines personnes. Par exemple, la reine Elizabeth refuse sa demande. D’autres lui répondent : « pas aujourd’hui, M. Karsh ». Il se tourne un peu plus vers les célébrités culturelles et il les photographie. Certaines personnes refusent, pas beaucoup, mais il y en a.

    À la fin des années 50 et au début des années 60, il touche à tout. Il prend des photos pour le magazine MacLean’s qui aboutissent dans un livre intitulé Voir le Canada [See Canada]. Il parcourt le pays de Terre‑Neuve à la Colombie‑Britannique et photographie des personnes et des endroits. Quand on regarde ses photos, on réalise que le point fort de Karsh, sa marque de commerce, ce sont les portraits, parce qu’il a un œil extraordinaire. Il y a une formidable photo du stampede de Calgary qui défie toutes les règles de la composition photographique. Le chaos règne, mais quelle magnifique photo!

    Il y a des photos de la campagne, d’agriculteurs, d’enfants de la rue à St. John, au Nouveau‑Brunswick, de la poussière plein le visage, il y a toute une gamme de photos. Il prend aussi des photos de film pendant un certain temps, des films comme Sodome et Gomorrhe, Zoulou, qui est un des premiers films de Michael Caine je pense, et surtout, La Planète des singes.

    JO : Vraiment?

    RE : Karsh prend des photos de la tête et des épaules des acteurs pour faire des publicités. Par exemple, Roddy McDowallet d’autres sont photographiés avec l’éclairage théâtral typique de Karsh. Il y a aussi des photos d’eux dans leur costume, mais avec le même éclairage; l’effet est surprenant. Je ne sais pas si elles ont été utilisées, mais Karsh les a prises. Il fait donc de la photographie de film pendant un certain temps. C’est un travail un peu plus journalistique, mais c’est Karsh qui fixe les conditions. Ce n’est pas un photographe d’agence qui espère voir ses photos publiées dans un journal, il est payé.

    JO : Il est embauché.

    RE : C’est ça. Il va à ces endroits et il fait son travail.

    JO : Avez‑vous une photo favorite dans la collection?

    JD : Je n’ai pas eu besoin de travailler longtemps pour trouver ma photo favorite. Celle de Georgia O’Keeffe est belle et est prise très habilement. À plusieurs points de vue, c’est la quintessence de ce que Karsh essaye d’accomplir dans ses portraits. Il y a beaucoup de texture dans cette photographie, car elle est prise dans la maison de Georgia.

    On est en 1957, alors il est au sommet de sa carrière. Il va chez elle, dans sa résidence en adobe au Nouveau‑Mexique, et lui demande de s’asseoir à côté d’un morceau de bois tordu. Le mur derrière elle est en adobe lui aussi. De l’autre côté, une porte qui donne sur l’extérieur est entrouverte, alors une lumière très brillante frappe le mur du fond, et la texture de ce mur ressort vraiment. Georgia O’Keeffe est assise un peu de profil, et on voit ses mains. C’est une dame un peu âgée, mais la photo montre très bien le lien entre une artiste mature et son milieu de vie. Elle donne l’impression d’une femme très forte, même si elle est un peu renfermée sur la photo.

    JO : Pendant vos recherches, avez‑vous découvert une anecdote particulièrement intéressante sur Karsh?

    RE : Le problème avec les anecdotes sur Karsh, c’est que la plupart viennent de Karsh lui‑même, alors c’est difficile d’en trouver une inédite. Son autobiographie, La quête de l’excellence, [In Search of Greatness] est essentiellement un recueil d’anecdotes sur Karsh. Karsh se fait souvent proposer de faire un travail commercial. Contrairement aux autres photographes, si Karsh prend votre photo, vous voulez mettre son nom sur votre publicité, non? Vous pouvez dire que Karsh est le photographe et son nom est pour vous un symbole de qualité, de réalisation.

    JO : Ça donne un cachet?

    RE : Un cachet, c’est ça. Alors une fois, A&W demande à Karsh de photographier une de leur bière d’épinette. Dans sa lettre, l’agence de publicité prend un ton enthousiaste; elle présente ça comme si ça allait être super plaisant. Ça ressemble à : « Ne serait‑ce pas formidable de réunir deux grands noms, Karsh et la bière d’épinette A&W! » Pourtant, ça ne marche pas. (Rires) Karsh écrit tout simplement – parce qu’il n’écrit pas ses lettres lui‑même, c’est Joyce Large ou quelqu’un d’autre qui s’en occupe – il écrit juste une note dans la marge disant : « Euh… je pense pas! » [I don’t think so ]. (Rires). Il laisse à une personne plus diplomate le soin de refuser l’offre poliment.

    JO : « Je pense pas! » (Rires). C’est clair! Vous avez parlé de quelques ressources comme l’autobiographie de Karsh et les biographies écrites à son sujet. Avez‑vous d’autres ressources à recommander à ceux qui veulent étudier Karsh et ses photos?

    RE : Pour en savoir plus sur Karsh en tant que personne et en tant que photographe, il faut vous référer au deux livres dont j’ai parlé. La quête de l’excellence est une autobiographie, alors Karsh apparaît sous son meilleur jour. Mais il est conscient qu’il mène une vie de rêve, alors on peut lui pardonner.

    L’autre est le livre de Maria Tippett, Portrait d’ombre et lumière [Portrait in Light and Shadow]. Elle a pu compter sur la collaboration de la veuve de Karsh, Estrellita, et de nombreuses personnes qui ont travaillé avec lui. C’est un livre très documenté et détaillé. L’auteure raconte la vie de Karsh et la place dans son contexte, expliquant ce qui se passe dans le monde de la photographie à l’époque et comment l’étoile de Karsh a brillé, puis commencé à pâlir dans le milieu de la photographie. À la fin des années 60, il y a un grand courant dans le monde de la photographie et des arts en général, et le travail de Karsh est jugé complètement dépassé. Mais Karsh est conscient que les gens en veulent encore, alors il s’en tire bien.

    Pour admirer ses meilleurs œuvres, l’idéal, je pense, est de consulter son deuxième livre de portraits, Portraits de l’excellence. Karsh adapte le livre au fil des ans; il écrit de nouvelles versions, ajoute des photos ou en enlève selon l’importance des sujets photographiés. Les versions ultérieures ne s’appellent plus Portraits de l’excellence, mais Porte‑folio de Karsh [Karsh Portfolio], puis Portraits de Karsh [Karsh Portraits]. Il y a ensuite des éditions qui font des rétrospectives, mais elles ont toutes des ressemblances. Par exemple, la photo de Churchill et d’autres photos importantes des débuts sont là dans toutes les éditions, mais d’autres vont et viennent. Par exemple, dans les années 60 ou 70, Joan Baez fait son entrée et la photo d’une personne qui n’a plus la même importance qu’avant est élaguée, mais il y a toujours une collection de portraits.

    Un document encore plus important que son premier livre, je pense, c’est Faces of Destiny, ou Visages du destin, qui se base sur son voyage en Grande-Bretagne pendant la guerre. Je trouve que ce deuxième livre a vraiment un sens. Un auteur l’aide avec la rédaction, et le livre est basé sur de nombreuses notes. C’est un ouvrage rétrospectif.

    À part ça, il y a quelques bons catalogues d’exposition qui donnent un aperçu plus général de son œuvre. Le premier, c’est l’Art du portrait [Karsh: The Art of the Portrait]. C’est une exposition qui a eu lieu ici à Ottawa, au Musée national des beaux‑arts, autour de 1989, je crois. Elle ne comprend pas juste des portraits. Et puis il y a l’exposition Héros de l’ombre et de la lumière,[Heroes of Light and Shadow] qui élargit beaucoup les principes fondamentaux de Karsh. L’exposition a lieu en Allemagne, puis le livre est publié au Canada. Beaucoup de personnes du milieu des bibliothèques et des archives, qui ont travaillé avec la collection pendant des années, ont écrit des articles pour ce livre. Ces deux livres, surtout Héros de l’ombre et de la lumière, donnent une bonne idée générale sur Karsh. Ils parlent des photos prises dans le livre sur le Canada, du travail pendant les films et des photographies industrielles, dont nous n’avons pas parlé, mais Karsh a travaillé pour Atlas Steels et Ford.

    Il y a aussi un catalogue d’exposition du musée des beaux‑arts de Windsor. Évidemment, une ville industrielle comme Windsor a fait toute une exposition sur les photographies industrielles de Karsh. À cette époque, Karsh prend des photos de film, il élargit beaucoup ses horizons professionnels. Mais ses photos d’usines ne sont pas comme vous l’imaginez. Il fait de magnifiques portraits, puis il photographie le milieu de travail. Une fois dans la chambre noire, lui et ses techniciens font un travail de création formidable. Les photos ne sont pas homogènes; elles sont presque hyperréalistes. Les personnes ressortent de la photo, mais leur milieu a quand même l’air naturel. Je n’ai jamais vu de photo aussi extraordinaire que celles de ces travailleurs avec un éclairage qui leur donne une allure héroïque.

    Il faut expliquer comment Karsh travaille dans l’aire de production des usines. Il arrive dans son costume italien dispendieux, et Solange prend des notes dans une de ses plus belles robes. Parce qu’il faut savoir que les deux sont toujours habillés de façon impeccable. Un assistant doit tenir des boucliers pour empêcher les flammèches d’atteindre l’appareil‑photo. C’est un milieu de travail vraiment particulier pour Karsh. On parle d’un homme qui a voyagé en Europe et aux États‑Unis pour photographier les plus célèbres des célébrités. Il se rend généralement chez la personne photographiée, ou à un autre endroit, comme une église, où il peut installer son éclairage et son équipement. Ici, c’est complètement différent : il doit s’adapter au sujet qui lui est présenté, et il parvient à produire de magnifiques photos hyperréalistes. C’est le genre de choses qu’on peut faire aujourd’hui avec l’effet maquette de Photoshop.

    JO : Oui.

    RE : Il y a une ligne très mince qui est bien définie, mais tout le reste semble venir d’un autre monde. C’est ce que Karsh a fait. La présence de ces hommes dans leurs milieux semble tout à fait plausible, mais on dirait que quelque chose ne va pas.

    Ce sont vraiment des chefs‑d’œuvre de création dans la chambre noire. Elles montrent à quel point Karsh exploite ses aptitudes techniques. On a dit tantôt que, pour Karsh, la prise de portraits est un acte social. Quand on lui demande comment il a fait ce portrait ou cette photo, il ne parle pas du nombre d’ouvertures, de l’éclairage ou de ce qu’on voit généralement dans les grands magazines de photographie. Encore aujourd’hui, vous allez sur Flickr et ils conservent les métadonnées de l’appareil‑photo : cette photo a été prise par un appareil Canon avec tant d’ouvertures, etc. Ça ne nous dit pas vraiment comment la photo a été prise, mais d’un autre côté, Karsh a des aptitudes techniques absolument formidables, surtout avec un processus analogique comme celui‑là. Et quand le talent ne suffit pas, il faut un peu de chance pour que tout soit harmonieux.

    JO : Merci beaucoup d’avoir été des nôtres aujourd’hui.

    RE : De rien, ça m’a fait plaisir.

    JO : Pour en savoir plus sur Yousuf Karsh et la collection photographique de Bibliothèque et Archives Canada, rendez‑nous visite en ligne sur le site www.bac-lac.gc.ca. Sur notre page d’accueil, allez sur « Découvrez la collection », puis cliquez sur « Naviguez par thèmes » et sur « Photographie ». Vous trouverez sur cette page de nombreux liens vers des ressources électroniques concernant Yousuf Karsh et la photographie, dont notre portail des portraits.
    Merci d’avoir été des nôtres. Ici Jessica Ouvrard, votre animatrice. Vous écoutiez « Découvrez Bibliothèque et Archives Canada — votre fenêtre sur l’histoire, la littérature et la culture canadiennes ». Je remercie nos invités d’aujourd’hui, Robert Evans et Jill Delaney.

    Pour plus d’information sur nos balados ou si vous avez des questions, commentaires ou suggestions, veuillez nous visiter à www.bac-lac.gc.ca/balados.

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L’album Flickr Photographie de Yousuf Karsh
Photographie – Le décou blogue
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