Transcription d'épisode 44
Geneviève Morin (GM) : Bienvenue à « Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre histoire, votre patrimoine documentaire ». Ici Geneviève Morin, votre animatrice. Joignez-vous à nous pour découvrir les trésors que recèlent nos collections, pour en savoir plus sur nos nombreux services et pour rencontrer les gens qui acquièrent, protègent et font connaître le patrimoine documentaire du Canada.
Gratien Gélinas est l'un des fondateurs du cinéma et du théâtre modernes au Canada. Il a été à la fois dramaturge, réalisateur, acteur, cinéaste et administrateur d'organismes culturels. Son incarnation de l'homme ordinaire a ouvert la voie à de nombreux scénaristes québécois de renom, et a permis à la culture et à la société canadiennes-françaises de s'exprimer tant au pays qu'à l'étranger. Son œuvre fait partie intégrante de l'histoire culturelle du Canada.
Dans l'épisode d'aujourd'hui, nous nous rendons à Saint-Bruno, sur la Rive-Sud de Montréal, pour nous entretenir avec Anne-Marie Sicotte, la petite-fille de Gratien Gélinas. Écrivaine et historienne, Anne-Marie est l'auteure d'une vingtaine de livres (romans et autres), y compris d'une biographie détaillée de son grand-père, une œuvre qui a lancé sa carrière.
Nous avons également fait appel aux compétences de Théo Martin, archiviste en littérature, en musique et en arts de la scène à Bibliothèque et Archives Canada, et surtout grand admirateur de Gratien Gélinas. Théo a étudié le théâtre et l'histoire à l'université; il est actif depuis plus de 25 ans dans le milieu du théâtre communautaire. Comme vous pouvez l'imaginer, il était ravi de discuter de la vie et de l'héritage de Gratien Gélinas avec notre invitée, Anne-Marie.
[Musique]
[On cogne à la porte : toc-toc-toc]
Femme : Entrez… [Cri] Ah!
Homme (narrateur) : Il entra, elle le vit, et pour la première fois, la femme adulée connut le désir.
Théo Martin (TM) : Alors, bonjour Anne-Marie.
Anne-Marie Sicotte (AMS) : Bonjour, Théo.
TM : Ça va bien?
AMS : Très bien, merci.
TM : Merci de nous recevoir chez vous.
AMS : C'est un honneur et un plaisir pour moi.
TM : Anne-Marie, comment décririez-vous le legs de Gratien Gélinas pour ceux qui ne le connaissent pas ou ne connaissent pas son œuvre?
AMS : Gratien, mon grand-père, a été surnommé à juste titre le père et le grand-père—même depuis les années 2000—du théâtre québécois. C'est lui qui a, en créant des personnages et des pièces de théâtre comme
Les Fridolinades,
Bousille et les justes,
Tit-Coq, c'est lui qui a mis le Québec au monde en tant que dramaturge. Et qui a porté la langue et la réalité québécoises sur la scène à partir des années 1930. Et c'est lui aussi qui a apporté, je crois, un souci de professionnalisme assez inégalé, inusité à son époque. Donc, il se documentait beaucoup.
À New York—il est allé à New York—et même à Paris avant la Deuxième Guerre mondiale—et donc parce qu'il avait très très à cœur de plaire au public, de lui offrir le meilleur au public. Et donc, il a apporté cet aspect et aussi comme producteur. Il était un producteur.
TM : Ben oui.
AMS : Il ne faut pas oublier cette partie de son travail d'artiste. Donc, il était un producteur assez audacieux dans le domaine du théâtre et de la revue sur scène.
TM : Absolument. À quoi ressemblait la relation—votre relation avec votre grand-père lorsque vous étiez enfant? Étiez-vous consciente de sa célébrité à cette époque-là?
AMS : Oui, c'est sûr. J'étais consciente de ça parce que la télévision venait le voir, le filmer. J'ai déjà participé à quelques émissions dans les années 1970—
TM : Ah oui?
AMS : —live sur Radio-Canada ou ailleurs. Et j'étais connue dans mon milieu—mettons à l'école comme la petite-fille de Gratien Gélinas même si les gens ne savaient pas nécessairement exactement ce qu'il avait fait. Parce qu'à cette époque-là dans les années 1970, c'est sûr qu'il était devenu moins actif. Il était déjà un peu—il y avait toute une nouvelle génération de dramaturges comme Tremblay, comme Marcel Dubé, Françoise Loranger qui étaient venus le remplacer.
TM : Mmhmm.
AMS : Donc, il était un petit peu oublié, mais en même temps il était toujours célébré comme le fondateur de la dramaturgie. Et alors, j'en avais très conscience, mais en même temps moi j'habitais à cent mètres de chez lui parce qu'il habitait un grand terrain à Oka où il y avait deux maisons.
TM : Mmhmm.
AMS : Et moi et mes frères et ma mère, on habitait une des deux maisons et lui l'autre. Et on était un peu comme des gardiens du domaine, en fait. On s'occupait de la piscine, on s'occupait de tondre le gazon.
TM : [Rires] Oui, oui, oui.
AMS : Et aussi—donc je le voyais beaucoup dans son quotidien comme grand-père, le grand-père qu'il était parce que moi j'étais parmi les aînés de ses petits-enfants. Et il a eu, je pense, 18 petits-enfants, donc…
TM : Oui!
AMS : Je le voyais vraiment en action comme grand-père quand il nous recevait, les parties de manger le maïs, voyons comment on appelle ça les—
TM : Les épluchettes.
AMS : De blé d'Inde… les Noëls.
TM : Oui, oui, oui. Absolument.
AMS : Et Noël et tout ça. Alors, c'est vraiment ce côté-là plus grand-bonbons, comment on l'appelait, que j'ai connu.
TM : Oh, mais quelle richesse, vraiment. Ça fait des beaux souvenirs pour vous du moins.
AMS : Ça fait de très très beaux souvenirs. C'était une présence pour moi rassurante. En même temps, c'était un homme qui ne se laissait pas tellement approcher au niveau personnel. Donc, j'ai eu quand même peu de contacts personnels avec lui. Mais au niveau familial par contre, oui, beaucoup…avec ses bons côtés, ses moins bons côtés. Dans toute famille, il y a un placard secret avec quelques squelettes qui traînent.
TM : Bien sûr, bien sûr.
AMS : Mais en général, disons que pour moi c'était vraiment une très grande richesse. Et aussi le côté chez moi, chez ma mère, on avait de très grandes bibliothèques pleines de livres et il y avait beaucoup de pièces de théâtre—
TM : Ah ha.
AMS : —comme livres.
TM : Oui!
AMS : Ce qui n'est pas fréquent. On a beaucoup de romans, on a des essais, mais les pièces de théâtre dont Gratien avait légué à ma mère—je ne sais pas pour quelle raison—une série d'œuvres de pièces de théâtre françaises, américaines.
TM : Oui, oui.
AMS : Alors moi, jeune adolescente, je lisais—Arthur Miller, puis Claudel, Jean Anouilh—dans le texte. Puis, je tripais. Alors ça a probablement joué dans ma formation.
GM : Bibliothèque et Archives Canada conserve de nombreux fonds d'archives privées relatifs aux arts et à la culture. Parmi eux, celui de Gratien Gélinas est l'un des plus riches, des plus variés et des plus complets. On y trouve un grand nombre de scripts de ses premières émissions radiophoniques, annotés de sa main; de ses revues annuelles
Les
Fridolinons; et de ses pièces de théâtre emblématiques comme 'Tit-Coq et
Bousille et les justes. En plus d'une incroyable quantité de manuscrits et de tapuscrits annotés, le fonds contient aussi l'ensemble des notes, de la correspondance, des scripts, des dessins, des plans et des scénarios de ce créateur multidisciplinaire que fut Gratien Gélinas. S'y ajoutent un nombre considérable d'enregistrements audiovisuels et plus de 4 000 photos; les documents en lien avec sa carrière d'administrateur des arts et de défenseur des artistes canadiens; ainsi que les multiples honneurs et prix qui lui ont été décernés.
Théo demande ensuite à Anne-Marie comment les recherches qu'elle a faites dans le fonds Gratien Gélinas, ici à Bibliothèque et Archives Canada, l'ont aidée à connaître la personnalité et le caractère de son grand-père.
AMS : C'est sûr que c'était absolument essentiel.
TM : Mmhmm.
AMS : Sans ce fonds-là, je n'aurais jamais pu faire ce que j'ai fait, c'est-à-dire écrire sa biographie, La ferveur et le doute, et ensuite deux autres ouvrages subséquents et plus en images pour diffuser un peu plus l'information que j'avais trouvée parce que—bon, Gratien était assez volubile au niveau de sa vie professionnelle. Il nous avait raconté beaucoup de choses. Mais là encore, il y a toujours des trous, toujours des absences.
Mais au niveau de sa vie personnelle, c'était plus difficile. Alors, il fallait aller vraiment combler ces trous-là en fouillant ses archives. Et en plus, Gratien avait la particularité de garder tout. Et tout ce tout—ses archives—c'était entreposé dans le sous-sol. Il avait fait construire une voûte dans le sous-sol—
TM : Oh.
AMS : —probablement dans les années 1970—qui était bétonnée, qui était à l'épreuve des incendies, des tremblements de terre, des inondations. Et qui était fermée par une porte hyper-épaisse-là.
TM : Mmhmm.
AMS : Et pour nous—en tout cas pour moi personnellement, mais peut-être quelques autres de mes cousins, cousines, mes frères—c'était ce qu'un grenier est dans d'autres familles, c'est-à-dire le trésor familial des souvenirs.
TM : Oui, oui.
AMS : Donc, quand j'ai entrepris le travail de l'interviewer—parce que moi j'ai commencé en le voyant vieillir je me disais, si cet homme-là disparaît il y a un grand pan de la mémoire collective qui va disparaître.
TM : Oui, oui, oui.
AMS : Et donc j'ai commencé peu à peu. Ce n'est pas quelque chose dans laquelle on embarque vraiment avec une énorme—beaucoup de vitesse, à moins de circonstances imprévues. Mais moi c'est vraiment—j'étais dans la vingtaine—et c'est vraiment quelque chose que j'ai fait tranquillement. Donc, peu à peu l'interviewer, poser des questions.
Et après un an, c'est là quand j'ai réalisé—un an ou deux—quand j'ai réalisé aussi que non seulement que j'étais fascinée par sa vie, qu'il m'avait racontée, mais qu'il y avait beaucoup de trous encore. C'est là que je lui ai demandé, est-ce que je peux Gratien, grand-papa, aller voir tes archives? Il m'a dit oui, ce qui m'a surpris parce que comme c'est un homme secret, je me dis il y a peut-être quelques affaires qu'il préférait que je ne sache pas. Mais il a dit oui.
Et là, je suis entrée. Je suis allée commencer à fouiller son fonds qui était énorme. C'était une mine d'or pour n'importe qui qui s'intéressait à sa vie. Et donc, c'est avec ce fonds-là que j'ai fait la biographie.
Sans ce fonds-là, ça aurait été—c'est vraiment fondamental. C'est vraiment un immense cadeau qu'il a fait aux générations suivantes. Et à nous-autres en premier, la famille en premier parce que j'avoue que je faisais ce travail-là beaucoup pour moi.
TM : Oui.
AMS : J'avais un intérêt très égoïste. Donc, comprendre ma famille, comprendre le déroulement, qui était ce patriarche qui nous avait légué de très bonnes choses, mais aussi des malaises, des secrets et quels étaient-ils? Et ensuite je me disais, mais si tout ce travail peut servir à la communauté, ça va être encore un plus et c'est ce qui s'est passé.
TM : Pourquoi pensez-vous qu'il vous a offert cette possibilité-là à ce moment-là?
AMS : Je ne lui ai jamais demandé. Je ne lui ai jamais fait expliquer la raison. Malheureusement, la réponse n'est pas très noble. C'est sûr qu'il commençait à être atteint de la démence qui va l'amener à la tombe. Et donc je pense qu'il n'avait pas très conscience de ce qu'il faisait. Mais en même temps, j'espère que c'était aussi parce qu'il m'a fait ce cadeau-là.
TM : Mmhmm.
AMS : C'était un don pour lui. Je crois qu'il commençait à se détacher de ce qu'il avait—de son stress parce que Gratien a eu beaucoup de stress dans la vie, puis de vivre et d'être, un stress d'être. Et je pense qu'il commençait à se détacher de ça, donc, à laisser aller un peu.
TM : D'accord.
AMS : Et j'ose croire que ça faisait partie de ce cheminement-là, mais quoi qu'il en soit, j'ai sauté sur l'occasion.
TM : Mais oui.
AMS : Je ne me suis pas posé de questions.
TM : Mais oui. Mais quel beau don, quelle belle offre de confiance.
AMS : Oui, oui. Mais il avait confiance en moi. Je pense que c'est clair, il me connaissait depuis que j'étais née. On avait discuté, on avait jasé depuis deux ans. On faisait des entrevues, on jasait. J'étais aussi sa petite-fille aînée.
TM : OK.
AMS : J'étais la deuxième—la troisième de ses petits-enfants, la petite-fille aînée et la fille de sa fille qui était déjà décédée. Donc ma mère, Sylvie, était déjà décédée à ce moment-là. Donc peut-être qu'il a recréé un petit lien entre lui et moi—
TM : Mmhmm.
AMS : En sautant ma mère. Quelque part, peut-être qu'il avait compris que si je l'interviewais c'est pour comprendre ma mère, comprendre ce que ma mère avait vécu avec son père et tout ça. Il y a beaucoup de choses dans ce genre de quête-là. Il y a tout un réseau, une toile d'araignée de liens émotifs et d'émotions.
TM : C'est ça.
AMS : … Moi aussi, j'dis réveille-moi si je m'endors un peu.
C'est l'entrevue du 7 mars 1992.
GM : Dans cet épisode, nous serons en mode mise en abyme partielle! Durant l'entrevue entre Anne-Marie et Théo, nous allons passer des extraits d'Anne-Marie qui s'entretient avec son grand-père. Ces extraits ont été enregistrés sur cassette pendant les années 1980 et 1990. Comme Anne-Marie le mentionnera plus tard, les cassettes font partie de son fonds à BAC.
AMS : Toi si tu veux parler juste de ta carrière, dis, on va arrêter ça là, pis moi je va… va dire, c'est pas ta carrière, ta carrière m'intéresse par la suite des choses… mais pas... pis à la base…
Gratien Gélinas (GG) : Oui, quand je te dis que ça éveille rien chez moi.
AMS : Je passe à une autre question. Mais je veux toute te poser c'que je veux savoir, pis j'aime mieux que tu m'dises. Je sais pas que je saurai jamais si tu l'sais pas ou… non t'sais.
GG : OK.
AMS : Tu peux m'dire je ne le sais pas, pis dix minutes après te rendre compte que dans le fond, y a un souvenir qui te revient. Sauf que si y a des choses dont tu ne veux pas parler, ça c'est pas pareil. J'pense qu'y en a, moi… T'sais veux dire, la séparation de tes parents. J'pense c'est que tu veux pas en parler… Y'a encore quelque chose.
GG : Ça ne m'amuse pas de parler de cette chose qui a été la tristesse de mon enfance, t'sais. Probablement la seule chose triste de mon enfance, ça été ça.
AMS : Sauf, est-ce que, est-ce qu'on est obligé, est-ce qu'on ne parle pas des choses qui nous amusent pas dans une biographie? J'veux dire, est-ce qu'une biographie, c'est pas de parler de sa vie, que ça nous amuse ou non?
GG : Oui, mais c'est plus, c'est plus pénible.
AMS : Oui, pour ça j'comprends que c'est pénible. Mais j'veux dire, une, une biographie, c'est pas juste les beaux, les beaux côtés d'une vie…
GG : Oui.
AMS : Mais c'est aussi... Surtout quand c'est des choses qui sont, dont tu es pas absolument responsable, que t'es victime, y a des limites; ça fait que dis, dis-le quand tu te sens mal à l'aise, mais dis-moi pas que tu t'en souviens pas, ou bien « ça m'agace », parce que c'est pas, c'est pas pour ça; parce que dans le fond ça t'est pénible, pis en ce moment- là je respecte ça, plus que de m'dire que ça m'agace, là; en ce moment-là, ça me provoque.
GG : [Rire]
AMS : Faque…
GG : La super détective en toi.
AMS : C'est ça.
GG : Remonte à la surface, t'sais.
AMS : C'est ça. Alors… Sauf qu'à un moment donné…
TM : Ça devait pas être facile aussi de pouvoir passer à travers tout ça aussi. Il devait y avoir beaucoup de hauts et de bas aussi. Juste à explorer sa vie telle qu'il l'a écrit, tel qu'il l'a fait et d'aller le voir pour lui en parler. Ça devait être quelque chose.
AMS : Pour moi, ce processus-là a été très libérateur, très serein.
TM : Mmhmm.
AMS : Je suis partie dans cette aventure-là, je ne me suis pas—ça n'a pas été un déchirement. C'était plutôt je me sentais comme une détective qui allait vraiment reconstruire un casse-tête, si possible aller soutirer des informations qui ne devraient pas être cachées donc qu'il fallait aller mettre au jour, et me reconstruire un peu à travers tout ça, me construire tout simplement comme adulte.
TM : Oui, oui, oui.
AMS : Donc, en mettant à côté certains pans plus sombres de notre histoire familiale, mais en même temps en capitalisant sur tout son héritage incroyable qu'il nous laissait comme artiste et comme homme. Parce que moi, le travail que j'ai voulu faire, c'est vraiment de comprendre qu'est-ce qui avait nourri cette âme d'artiste là et qu'est-ce qui—comme homme et comme être humain—transparaissait dans son œuvre et dans ce qu'il nous laissait comme artiste et comme homme? Donc, c'est tout ce—c'est ce nœud-là—
TM : Oui, oui.
AMS : —cette identité-là que j'ai essayé d'aller redonner aux gens pour qu'ils comprennent qu'un homme comme Gratien c'est un être humain dans toute sa splendeur, avec ses forces et ses faiblesses. Et Gratien a eu l'art de capitaliser sur ses souffrances et ses faiblesses pour en faire une force dramatique.
D'ailleurs, comme beaucoup d'artistes font, on va chercher nos manques, nos souffrances, nos difficultés pour les transposer et en faire un moteur de création. Et c'est ça que j'ai essayé d'aller chercher.
TM : Oui. C'est ça. C'est l'aspect humain du créateur. Et comment le découvrir autrement que par le passage, notre propre humanité aussi.
AMS : J'avais une chance incroyable. C'était d'être sa petite-fille. Donc à la fois d'être assez proche de lui, de connaître tout le monde de la famille, de connaître les secrets, de savoir que si on me disait certaines choses, je savais que ce n'est pas vrai. Ou je savais qu'il fallait aller plus loin.
Mais par ailleurs, j'étais assez loin en tant que petite-fille. Pour ne pas être trop émotivement prise avec lui, pour créer un lien un peu professionnel quand même, une certaine distance.
TM : Oui.
AMS : Donc, j'ai l'impression que j'ai sauté sur l'occasion aussi à cause de ça. Ce lien-là me donnait une position idéale…
TM : Oui.
AMS : Pour faire la recherche, les entrevues—bon, l'écriture c'est autre chose. Ça l'air que je suis un petit peu douée parce que j'ai réussi.
TM : Mais oui, mais oui, mais oui.
AMS : Mais c'est pour dire que c'est ça. J'avais vraiment la distance, mais en même temps la proximité idéales pour écrire sa biographie.
GM : Anne-Marie nous a ensuite parlé de la transition de Gratien Gélinas vers le travail à temps plein à la radio et au théâtre. Tout au long de la Grande Dépression, il avait travaillé comme secrétaire du président d'une compagnie d'assurances, sans cesser d'être actif du côté des arts de la scène. Juste avant la Deuxième Guerre mondiale, il a commencé à se faire un nom sur la scène théâtrale, ce qui lui a permis de décrocher un contrat pour une émission de radio qui allait plus tard devenir
Fridolin. Ce contrat a permis à Gratien Gélinas de quitter son emploi dans la compagnie d'assurance et d'amorcer une carrière tout en quadruplant instantanément son salaire.
TM : C'est quand même quelque chose quand on y pense parce que c'était la radio. Aujourd'hui, je ne sais pas si la radio permet de vivre aussi bien. Mais à l'époque, c'était quelque chose. C'était tout nouveau, les gens étaient appelés justement à participer à cette radio-là. Puis je pense que votre grand-père a participé à plusieurs projets.
AMS : Sans la radio, Gratien n'aurait pas été ce qu'il est devenu. Le milieu de la radio dans les années 1930, on ne peut pas l'imaginer aujourd'hui. C'était ce qu'est Internet aujourd'hui. C'était l'effervescence. Il y avait toutes sortes de postes qui se créaient, CKAC, après Radio-Canada, tout ça. Et les dramaturges, les écrivains, les auteurs, les comédiens gagnaient peut-être pas leurs vies, mais une bonne partie de leurs vies en tout cas à la radio parce qu'il y avait énormément de création, de radio-romans, de toutes sortes d'émission d'humour. L'humour n'a pas été inventé dans les années 2000. Ça existait déjà à cette époque-là. Donc, énormément de—tout un milieu théâtral qui s'est formé, qui s'est installé grâce à la radio et à l'argent qui était investi par les commanditaires qui payaient pour des émissions de radio et alors il y avait le gouvernement qui mettait sur pied mettons Radio-Canada. Il y avait des radios privées comme CKAC. Mais il y avait aussi les commanditaires. Alors, Gratien, s'il a pu gagner sa vie comme comédien et comme écrivain à la radio, c'est grâce à des commanditaires comme les Meubles Valiquette.
TM : Oui.
AMS : Ou autre chose qui finançait des émissions de radio. Et ça l'a propulsé en l'espace de quelques mois en 1937 comme vedette incontestée de la radio avec beaucoup d'autre monde autour de lui, beaucoup de comédiens, Ovila Légaré, tous les comédiens qu'il va engager ensuite, Fred Barry qu'il va engager dans ses revues, vont vraiment avoir pris beaucoup d'expérience à la radio.
Alors, il ne faut pas négliger cet aspect-là. Il devrait être plus connu, plus mis en valeur dans nos archives, dans notre histoire collective parce que c'est très important.
TM : Mais pour la petite histoire, moi je sais que je me suis servi beaucoup des transcriptions, des écrits pour les radio-romans de votre grand-père. On parle justement du
Carrousel de la gaieté,
Le Train de plaisir,
Fridolin justement où j'ai eu la chance moi aussi de jouer certains de ces extraits, certains de ces extraits-là avec le chanteur—c'est quoi?—Lionel Daunais. Il y avait…
AMS : C'est Albert Cloutier qui jouait?
TM : Albert Cloutier et tout ça. Et c'est là, c'est dans nos archives, cette richesse-là, ce qui est… Alors, je pense que ça serait tout un pan d'histoire très concrète. Mais ce qui m'a surpris de ça c'est qu'il y en a beaucoup. Votre grand-père écrivait ces scripts-là, si je comprends bien, il y en a pour des heures et des heures d'enregistrements.
AMS : Si on compte qu'il a fait entre 1937 et 1940 trois saisons de radio, une émission par semaine en direct devant public, quand même c'était aussi un événement théâtral montréalais…
TM : Oui, oui.
AMS : Et donc ça veut dire que ça fait toute une somme, une somme. Et ce qui est fascinant à lire c'est ces textes-là c'est toute la critique sociale et la critique de l'actualité. Alors, je pense que ça serait toute un bain d'histoire très concrète si on tirait profit de ces textes-là pour parler de ce qui intéressait, ce qui mobilisait les gens, ce qui les dérangeait juste avant la guerre et au début de la guerre à Montréal et au Québec.
TM : Oui, oui, oui. Donc, c'était presque un sociologue. [Rires]
AMS : En tout cas, un observateur très fin de l'actualité, de son monde—il y avait aussi beaucoup de collaboration dans ces textes-là. Il ne faut pas oublier ça. Il y avait des scripteurs qui l'aidaient et aussi il se fiait beaucoup aux réactions de son équipe proche pour améliorer, raffiner. Il devait sûrement intégrer aussi des commentaires, des blagues et même toutes sortes de choses de son équipe proche. C'était vraiment un travail collectif. C'est le fun à souligner aussi cet aspect-là.
Fridolin : Monsieur le professeur Pruneau devait v'nir ce soir vous parler de l'emploi du pronom possessif au temps des pharaons. Heureusement, il en a été empêché; je suis donc heureux de lui v'nir prendre sa place. Nous traiterons, si vous le voulez bien sûr, des femmes. C'est un sujet d'une chaude actualité et qui plaît toujours. La femme, ses avantages, ses usages. C'est un sujet beaucoup traité, mais c'est un sujet sur lequel il fait toujours bon revenir! La femme, si on en juge par certains monuments et cartes postales, devrait être très plaisante à voir au naturel. La femme est surtout employée en amour. On trouve par-ci, par-là une femme auteur dramatique, mais c'est bien malheureux.
Y a deux sortes de femmes, les bonnes et les pas bonnes! Y reste que la tendance, que le quart de bonnes, plusieurs hommes préfèrent les pas bonnes; c'est malheureux mais c'est comme ça!
Une idée principale de l'éducation de la femme est le baiser. Ici, nous entrons dans un vrai beau sujet. Personnemment [sic] j'ai jamais été opposé au baiser, ô que non. Évidemment y en a qui disent que les baisers ça donne des microbes. Peut-être. Mais des microbes de baisers, i'm'semble que ça doit être des beaux p'tits microbes roses.
TM : Alors, parlez-nous un peu du personnage de Fridolin. À votre avis, quelle a été la source d'inspiration de votre grand-père pour cet intemporel?
AMS : La source d'inspiration de Fridolin pour Gratien c'est lui-même, je pense. Fridolin remonte, je pense, à la jeunesse de Gratien, dès le moment où il a commencé à écrire lui-même des petits sketchs qu'il se mettait à interpréter. Il a créé ce personnage d'adolescent, frondeur, hyper sensible, toujours en quête d'amour, mais en même temps doté d'un œil très très fin et d'une langue acérée pour qualifier son entourage, sa société et les choses qui se passaient autour de lui.
Gratien aussi a raconté quand on s'est entretenus lui et moi que sa mère était assez socialement snob et elle n'aimait pas le voir aller jouer avec les petits bums dans la rue.
TM : Bon.
AMS : Et donc, elle le confinait à la galerie de la maison pour jouer. Et cette galerie, je pense, était pour lui un poste d'observation très très très intéressant pour observer les mœurs des gens qui se passaient autour dans les rues, des jeunes qui jouaient. Et donc lui-même, je pense que Fridolin est né de tout ça. Donc, à la fois son désir d'être un petit bum, un désir refoulé d'être un petit bum. Et de ne pas pouvoir le faire.
Et en même temps, tout ce qu'un adolescent peut charrier comme sensibilité, comme une espèce de liberté de parole aussi. Avec un adolescent, on n'est pas aussi strict qu'avec un adulte. Un adolescent a le droit plus de dire des niaiseries, mettons. Ou des grossièretés ou d'exagérer ou de dramatiser.
Donc, tout ça mis ensemble je pense que c'est de là que vient Fridolin. Et dès le départ de sa carrière, il a capitalisé sur ce personnage. Dès qu'il faisait des sketchs, dans toutes sortes d'événements—parce qu'il a fait beaucoup ça avant de créer Fridolin—il se fiait sur ce personnage-là. Et son premier sketch qu'il a écrit, c'est
Le Bon petit garçon et le méchant petit garçon, et c'est un Fridolin en puissance.
TM : Oui, oui, oui.
AMS : Donc, un jeune garçon qui a à la fois le côté bon, mais à la fois le côté petit bum. Les deux côtés se battent en lui. Voilà, tout simplement. Il va finir par créer Fridolin en 1937 après l'avoir mûrement et fréquemment peaufiné, disons dans tout ce qu'il faisait.
GM : En 1937, Gélinas a créé le personnage de Fridolin pour une série d'abord intitulée Le
Carrousel de la gaieté, qui allait ensuite devenir
Le Train du plaisir. En raison de sa popularité au Québec, ce personnage est réapparu dans la revue
Fridolinons, qui a lancé la carrière théâtrale de Gélinas. Le spectacle a été présenté au Monument-National de Montréal de 1938 à 1946, à l'exception de 1939, année où il a été joué au Capitole de Québec. En raison de son énorme succès, l'Office national du film a produit le film
Fridolinons '45; puis, en 1956, le spectacle a fait un retour au théâtre Orpheum de Montréal sous le nom de
Fridolinades '56. En 1942, Gélinas a transporté Fridolin au cinéma dans
La Dame aux camélias, la vraie, un film qu'il a écrit et réalisé et dans lequel il a joué. C'était l'un des premiers films parlants en couleur au Canada.
TM : Pourquoi Fridolin est-il parvenu à conquérir le cœur des Québécois, et pourquoi cet engouement depuis—en fait pourquoi dure-t-il aussi longtemps?
AMS : Dès que Gratien a mis sur les ondes son personnage de Fridolin dans
Le Train du plaisir en 1937, ce personnage-là a conquis le cœur des Québécois à travers les ondes en l'espace de quelques semaines. Et vous expliquer exactement pourquoi, je ne pourrais pas parce que je ne l'ai pas vu faire.
Mais je pense que ce personnage-là collait tellement bien à Gratien.
TM : Mmhmm.
AMS : Il savait tellement bien le rendre, aussi dans son élocution parce qu'il y avait une élocution des années 30 particulière au niveau rouler les r, la manière qu'il articulait. Je pense qu'il savait tellement bien le rendre et ça lui allait tellement bien que—et il attirait beaucoup la sympathie de tout le monde. Cet adolescent-là allait chercher beaucoup la sympathie dans la manière qu'il parlait, dans la manière de partager ce qu'il vivait.
Et ce qui n'était pas fréquent à cette époque-là. Il se confiait beaucoup. Je pense qu'il avait peu de gens qui faisaient ça à la radio. Donc, toutes ces raisons-là font qu'en l'espace de quelques semaines, le personnage de Fridolin est devenu l'enfant chéri des foules et que, à partir de ce moment-là, le monde s'est garroché au Théâtre Saint-Denis pour le voir et l'entendre. Et c'est cette raison-là et aussi la qualité des textes.
Donc, ça faisait—quand Gratien a commencé à la scène ça faisait déjà quelques mois qu'il écrivait ses émissions radio. Mais tout de suite, il s'est mis à—il s'est dit, bon, ça marche tellement bien que je vais faire une revue sur scène.
Et dès le départ, les textes ont été d'une qualité supérieure, très supérieure à ce qui se faisait beaucoup dans ce domaine-là. Même si ce n'est pas toujours facile de juger parce qu'on n'a pas les textes nécessairement. Mais quand on lit ce qu'il a écrit, quand on voit le travail qu'il y mettait, l'effort collectif aussi que c'est, je pense qu'on peut être assez sûr du fait que ces textes-là étaient vraiment supérieurs à la moyenne. Et donc, les blagues étaient bonnes.
TM : Mmhmm.
AMS : Le milieu social qu'il dépeignait était bon. Les saynètes qu'il mettait sur scène—parce que les revues, ce n'était pas juste commenter l'actualité, mais c'était aussi dépeindre les mœurs du Québec.
TM : Oui.
AMS : De toutes sortes de façon : la vie en ville, la vie en campagne, les traditions, mais la modernité en même temps, l'effet de la guerre—la Deuxième Guerre—la conscription…tout ça. En fait ça fait une fresque sociale d'une richesse assez inouïe. Et je pense que ces deux aspects-là—donc la manière très charnelle, très viscérale dont Gratien mettait Fridolin en scène—sur scène—est aussi la richesse de la fresque sociale que ça donnait au final.
Et ce qui fait que cette œuvre-là—les dix années des Fridolinons—c'est pour moi le meilleur de Gratien. Moi, à mon humble avis, c'est ce que je préfère parce qu'il y a une richesse incroyable au niveau social, au niveau humain, et au niveau de reflet du Québec, et aussi professionnalisme théâtral et dramaturgique….
TM : [Rires] Mais c'est assez riche parce que justement vous parliez de tous ces éléments, le travail que ça a pris pour monter ces Fridolinons-là. Et c'est entre autres pour ça qu'on les reconnaît. Il me semble qu'on a à Bibliothèque et Archives Canada l'entièreté de ces textes-là ou presque à peu près…je ne sais pas si vous vous souvenez…
AMS : Le fonds d'archives qui est à Bibliothèque et Archives Canada, je crois, contient tous les textes et contient aussi les disques.
TM : Aha!
AMS : Alors Gratien— qui était un fanatique de la technologie—il a commencé à filmer en caméra 8mm, je crois. Bien avant bien du monde parce que Gratien était un cinéaste amateur aguerri. Il aurait beaucoup aimé être réalisateur, mais au Québec avant la guerre c'était impossible.
TM : Mmhmm.
AMS : Donc, il filmait beaucoup et aussi il faisait toutes sortes d'expériences techniques, technologiques. Et donc il a enregistré sur disque vinyle—
TM : Oui, oui, oui.
AMS : Je ne sais pas si c'était du vinyle à cette époque-là. En tout cas, c'est un plastique assez rigide. Toutes les revues qu'on a, donc, en audio.
TM : Ah bon.
AMS : Ce qui est, encore, une richesse assez incroyable. Parce que je ne pense pas qu'il y a beaucoup d'autres émissions de radio de la guerre et revues sur scène, aussi, de la guerre qui soient sur disque.
TM : Ah, mais c'est fascinant. Je n'étais pas au courant de ça. Ah ben, c'est vraiment une richesse parce qu'on a le textuel, l'audio—on a tout l'univers de Gratien là avec nous.
AMS : Et un nombre incalculable de photos.
TM : Aussi.
AMS : Qui—je veux dire, avec tout ce qu'a Bibliothèque et Archives Canada, on peut documenter incroyablement bien cet effort théâtral.
TM : Oui…de créateur.
AMS : En fait que sont les revues, je pense. Et c'est ce qui fait le prix de ce fonds-là. Je ne pense pas qu'il y a beaucoup d'autres œuvres théâtrales qui puissent s'appuyer dans—la documentation puisse s'appuyer sur un tel corpus.
TM : D'une manière aussi complète.
Marie-Ange (M-A) : J'danserai plus.
Tit Coq (TC) : Quoi…
M-A : J'danserai avec toi quand tu s'ras revenu… pas avant.
TC : Ça va être un ben gros sacrifice pour toi.
M-A : Tant pis !
TC : J't'en demande moins que ça, tu sais.
M-A : J'pourrai pas danser avec un autre.
TC : Je t'remercie quand même, de ça pis de tout le bonheur que tu m'as donné depuis…
M-A : Chut…
GM :
Tit-Coq est devenu un classique du cinéma québécois. Basé sur une pièce de théâtre écrite par Gélinas en 1948,
Tit-Coq raconte l'histoire d'un jeune Canadien français qui tombe amoureux de la sœur d'un ami, pour apprendre ensuite qu'elle a épousé un autre homme alors qu'il était parti se battre pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Quand Bibliothèque et Archives Canada a acquis
Tit-Coq en 1997, une équipe d'experts en audiovisuel a décidé de restaurer le film. Même si nous avions le négatif original, ça a été assez compliqué. Le négatif était tellement fragile que notre équipe de restauration a dû le reproduire en le copiant une image à la fois. Elle a ensuite décidé d'en faire une version sous-titrée, avec tous les défis que cela comportait. Les sous-titres originaux défilaient trop vite pour que les téléspectateurs puissent les lire; il a donc fallu les prolonger.
La version sous-titrée finale en 35 mm a été projetée au Festival international du film de Toronto (le TIFF) en septembre 2000, puis encore une fois en février 2017, dans le cadre du programme Canada 150 du Festival.
Dans la discussion qui suit, Théo demande à Anne-Marie pourquoi, selon elle,
Tit-Coq reste un classique canadien après toutes ces années.
AMS : Le film
Tit-Coq, donc fait en 1953, est l'héritier final disons de tout un travail sur la pièce, qui a commencé en 1945/46. Donc la pièce créée sur scène en 1948 et qui va avoir 350 et quelques représentations dans les années suivantes, en français et en anglais. Et qui après à l'initiative d'Alexandre de Sève va être mise en film. Donc, ce travail-là déjà assure à ce film-là une qualité, disons au-delà de la moyenne parce que Gratien a eu amplement le temps de peaufiner, raffiner, améliorer son texte. C'est aussi un des premiers films canadiens et québécois. Donc à ce titre-là, forcément il fait partie de notre patrimoine d'une manière incroyable.
Il témoigne aussi, je pense, au niveau visuel, au niveau du travail cinématographique ou scénographique, d'une très grande richesse—par exemple, on a des vues de Montréal, le carré Saint-Louis, la gare Windsor en 1953. Ça témoigne aussi de préoccupations sociales assez importantes, la guerre, l'après-guerre…et aussi d'un phénomène important pour le Québec, c'est-à-dire la religion, le poids de l'hypocrisie religieuse parce que
Tit-Coq ne pourra pas marier sa Marie-Ange parce que Marie-Ange s'est mariée pendant qu'il était parti et le divorce n'est pas admis encore au Québec à ce moment-là. Et c'est ce qui fait tout le drame de ce couple-là.
Et donc tout ça ensemble fait que c'est non seulement une œuvre unique et exceptionnelle en soi, mais un portrait de la société québécoise des années 50 très important au niveau sociologique, anthropologique, ethnologique.
TM : Oui, et encore là votre grand-père était un peu précurseur. Il se permettait de faire ça. Il n'avait pas froid aux yeux justement, de pousser justement les contraintes de la société ou de ce qui était accepté.
AMS : Je pense qu'à cause de son expérience dans les revues
Fridolinons entre 38 et 46, il avait beaucoup libéré sa parole, comme les revues
Fridolinons c'était aussi de la revue d'actualité, de la satire sociale. Il ne s'empêchait pas de critiquer, de mettre en scène des aspects moins roses, moins jolis, plus contraignants de la morale québécoise. Et aussi, je pense qu'il avait lui-même personnellement souffert de cette morale-là à cause de ses parents, à cause du fait que sa mère devait dire qu'elle était veuve et non pas épouse d'un—et non pas divorcée.
TM : Mmhmm.
AMS : Et lui-même devait cacher qu'il était fils d'un homme qui avait fui, qui avait divorcé, qui avait fui. Et je pense qu'il a subi, qu'il a souffert de cette morale-là, de cette manière-là d'être obligé de cacher la vérité, de vivre un peu un mensonge. Et je pense qu'à travers ses pièces et son œuvre, donc il se donnait le droit de décrier ça, de dénoncer ça, mais en le faisant d'une manière évidemment intelligente sans que ça soit offensant, sans que ça s'attire, disons des reproches de l'élite québécoise, de l'église québécoise.
TM : Mmhmm.
AMS : Même chose pour la guerre. Il s'est permis beaucoup dans ses
Fridolinons de critiquer la guerre et l'effort de guerre du gouvernement canadien et québécois aussi un peu. Et il a eu la visite de censeurs, mais qui lui ont dit—qui ont réagi en disant, oui vous dites des affaires fortes, mais le monde rit. Fait qu'on ne peut pas vraiment intervenir parce que ça va créer un tollé.
Alors, voilà. C'était sa force de dire les choses qu'il fallait dire, mais en l'enrobant d'une manière qui le rendait indestructible, disons.
GG : Ah oui…
La fille de Roland, qu'on avait adaptée nous autres, qui, qui avait été adaptée de Le fils de Gamelon.
GG et
AMS : [Rires]
GG : Et puis je jouais un p'tit page dedans qui avait rien à dire, j'étais un figurant.
AMS : OK.
GG : Mais j'remplaçais un p'tit gars, j'ai prié ben fort pour qu'y soit malade mais… y'a pas été malade.
AMS : T'étais le remplaçant d'un, d'un autre rôle qui était plus consistant.
GG : Oui, y avait au moins quelque chose à dire.
AMS : OK.
GG : Et puis je me rappelle, j'étais monté au costumier qui était la… dernière, dernière étage du juvénat, t'sais. Pis j'avais choisi un costume en disant « ça c'est mon costume », tu sais… sans se rendre compte que c'était probablement une des premières indications de mon métier d'homme de théâtre, t'sais.
AMS : Hum…
GG : C'est ça que j'veux, tel costume, tel décor, pis bon.
AMS : On te l'avait reproché, car on disait que c'était de l'égoïsme ou quoi, c'était d'la...
GG : De, pas de l'égoïsme, mais de la vantar…, pas de la vantardise, mais –
AMS : De la vanité.
GG : – vanité. Pis avec ma sœur Rolande on se faisait des séances, t'sais.
AMS : Mais, mais alors, qu'est-ce qui avait pu t'accrocher à ce point-là dans cette fois-là?
GG : Ah… je sais pas. C'est probablement que j'étais… destiné.
AMS : Ouain…
GG : À faire du théâtre, t'sais.
AMS : Oui. Pis dans le fait de jouer comme ça… y a sûrement quelque chose qui t'a...
GG : D'extérioriser, pis d'être écouté.
ASM : D'être écouté!
GG : Et probablement admiré, t'sais, si possible ! [Rire]
AMS : Ça c'est tout ce qu'on cherche, hein !
TM : Dans votre livre
Gratien Gélinas en images : Un p'tit comique à la stature de géant, vous parlez du « côté plus sombre de la personnalité de Gratien » qu'il a voulu cacher à ses contemporains. Pouvez-vous nous parler un peu de ce trait méconnu de sa personnalité?
AMS : Gratien ayant vécu une enfance difficile avec des parents qui se disputaient, des parents qui ont fini par se séparer, qui se livraient à ce qu'on pourrait qualifier aujourd'hui de rapt d'enfant, de rapt de leurs propres enfants pour les enlever—à leur conjoint, à leur ex-conjoint—et les amener ailleurs. Ayant vécu tout ça il a, je pense, développé certaines blessures qui se sont manifestées plus tard dans sa vie professionnelle et personnelle. Il a développé une espèce de tempérament irascible. Il supportait mal la contrariété, la critique. Il supportait mal de se faire remettre en question même dans les choses assez banales par son épouse et ses enfants. Il supportait mal que son autorité soit remise en question.
Et tout ça donc se manifestait dans ses relations avec sa famille. Donc, son épouse a souffert un peu de—on pourrait appeler ça de la brutalité verbale. Ça s'arrêtait là, heureusement, mais c'était de la brutalité verbale. Et ses enfants aussi ont été un peu malmenés au niveau, vous n'êtes pas bons, vous êtes…c'était très ponctuel. Ce n'était pas constant. Souvent, il était aimant, généreux, affectueux, mais à d'autres moments, il était assez bête.
TM : Mmhmm.
AMS : Et ses fils, ses nièces m'ont beaucoup parlé de cet aspect de lui. Son épouse s'en est parfois confiée dans des lettres ou des petits carnets de notes. Et ça se reflétait aussi au niveau professionnel. Donc il pouvait être dur avec les comédiennes. Il pouvait parfois les envoyer promener, leur dire tais-toi, tu n'as pas raison, c'est moi qui a raison, dire tu n'as pas d'allure de faire ça.
Et là encore c'était accepté parce que non seulement Gratien était très très apprécié—il offrait beaucoup de travail—mais il se reprenait. Donc, dans d'autres aspects il était généreux. Il était fin. Il payait très bien. Il n'était jamais chiche sur rien. Il appréciait le travail d'équipe. Donc, il contrebalançait son mauvais caractère, mais il avait ce mauvais caractère-là. On me l'a très bien dit. C'était connu.
Il était aussi assez orgueilleux, un orgueil mal placé. Par exemple, il a été obligé à certains moments de sa carrière d'embaucher des scripteurs pour l'aider à écrire. Parce que, par exemple, à l'époque où il faisait la radio et la scène en même temps, pour
Fridolinons entre 38 et 40, il n'y arrivait pas. Donc, il a embauché du monde et ensuite plus tard à la fin de la série sur scène aussi. Mais il ne voulait pas que ça se sache. Alors il les gardait anonymes. Il les payait très bien, mais il voulait que ça soit un secret.
Et pourtant ça ne lui enlevait rien. Mais il avait tellement besoin d'amour du public qu'il ne pouvait pas supporter l'idée d'en perdre une miette à cause de mettons de dire qu'il était aidé ou tout ça. Donc, c'est ce côté-là qui était moins reluisant. Il y a eu des infidélités aussi dont on a quelques bribes. On ne connaît pas grand-chose, mais dans les archives justement, alors Gratien a gardé même des lettres de ses maîtresses.
TM : Ah bon.
AMS : Dont il a rayé le nom. Donc on a gardé des preuves comme ça de certaines infidélités. Par ailleurs, c'était un mari aimant. Ils avaient une belle relation, Simone et lui, un mari qui la comblait de beaucoup de choses. Mais il y a certains aspects aussi qui étaient moins reluisants. Donc, c'est tout ça qu'on peut déceler dans les archives et ailleurs et puis qui est important de dire parce que c'était un humain.
TM : Mmhmm.
AMS : Comme les autres. Et s'il avait été vraiment une brute épouvantable, je n'aurais probablement pas écrit sa biographie puis il n'aurait probablement pas eu le succès qu'il a eu ni la longévité qu'il a eue. Mais il y avait ses torts et ses faiblesses comme tous les humains.
TM : Il y a toujours deux côtés à une médaille.
AMS : Exactement.
TM : Oui, oui, oui, oui.
On parle de vous?
AMS : D'accord.
TM : L'artiste. Donc, parlez-nous un peu de votre travail et du type de projets qui vous attirent?
AMS : La biographie que j'ai écrite sur Gratien a été comme mon premier jalon d'une longue carrière. Je ne pensais pas à cette époque-là que ce serait ça. Mais ce qui est devenu une longue carrière. Donc Gratien, moi je vois ça vraiment comme une fondation. Moi, j'ai étudié en histoire. J'ai fait un bac en histoire. Puis en même temps que j'ai eu mes trois enfants, j'ai fait la biographie de Gratien.
Et sans que je le sache, cette biographie-là—et ce travail-là—d'une richesse incroyable pour moi. Tous les niveaux—non seulement le niveau archivistique, mais documentaire et aussi au niveau de mon travail d'écrivaine—sert vraiment je trouve de pierre d'assise de ce que j'ai fait ensuite. Donc après ça, j'ai continué dans cette veine. J'ai fait toutes sortes de projets reliés à l'histoire du Québec, à l'écriture de l'histoire du Québec et à la recherche. La biographie de Marie Gérin-Lajoie ensuite, la féministe.
TM : Mais oui.
AMS : Maintenant je travaille sur la biographie de Louis-Joseph Papineau. C'est un immense travail qui va me prendre plusieurs années.
TM : Je comprends donc.
AMS : Entre-temps, j'ai fait des romans. Donc, la série de romans,
Les Accoucheuses, et puis la série sur les patriotes, le pays insoumis,
Les Tuques bleues. Et donc tout le travail de recherche—et mes livres d'images aussi bien sûr dont il y a celui de Gratien, mais aussi celui sur différentes facettes de l'histoire du Québec : la religion, l'industrialisation, l'urbanisation. Et tout ça parce que l'histoire du Québec—l'histoire tout court, mais moi je me spécialise dans l'histoire du Québec—
TM : Oui, oui.
AMS : —et la vie humaine passée me fascinent. Je trouve qu'on se prive d'une incroyable richesse en n'allant pas chercher toutes ces vies incroyables, riches d'enseignements, d'expériences, de progrès on pourrait dire. Donc, des humains qui ont vécu—qui sont partis de telle place, qui sont arrivés à tel endroit et qui ont vécu toutes sortes de choses entre, et les sociétés qui les ont abrités. Et je trouve qu'on se prive d'une incroyable richesse humaine en ne publicisant pas, en ne racontant pas ces histoires-là—
TM : Tout à fait.
AMS : —à la mesure qu'elles ne le méritent. Notre patrimoine historique devrait être beaucoup plus mis en valeur que ça l'est mis aujourd'hui. Et moi humblement j'essaie d'un projet à la fois de le faire.
TM : Merci beaucoup de faire ça. Et je pense que les archives sont très importantes pour vous, du moins la recherche en archives.
AMS : Les archives et la recherche de tout acabit—
TM : [Rires] Ah oui.
AMS : —en archives ou dans les anciens journaux ou dans la correspondance ou toutes sortes de choses sont capitales bien sûr pour mettre au jour…et c'est ça les personnages morts. Donc, les biographies nous donnent une incroyable opportunité—si on a assez de documentation sur eux—une opportunité incroyable pour justement mettre au jour de telles vies, parce qu'on ne peut pas le faire aujourd'hui. Vous, vous-même, vous n'accepteriez pas de me raconter les détails de votre vie intime à moins qu'on soit des intimes—ou que vous soyez sur votre lit de mort peut-être-là.
Mais les personnages décédés et qui ont nous laissé un incroyable corpus documentaire, c'est absolument fascinant que d'aller mettre au jour cette vie et la raconter dans tous ses détails. Et ça nous donne aujourd'hui un portrait d'une richesse—
TM : Oui.
AMS : —dont il ne faut pas se priver. Si je n'avais pas eu le fonds d'archives de Gratien, si je ne l'avais pas connu comme j'ai pu le connaître, je n'aurais pas écrit cette biographie-là. Celle de Marie Gérin-Lajoie, c'est pareil. Si je n'avais pas eu son fonds d'archives, c'est impossible d'écrire sur une vie. L'archive, c'est comme toutes les pierres d'assise d'un monument qui est l'histoire du Québec et du Canada. Et c'est absolument capital, mais le défi principal, c'est de les mettre en valeur, de ne pas les laisser dormir dans une voûte dans des caisses et d'avoir la volonté, le budget et le personnel pour les mettre en valeur autant qu'il le faut.
En tout cas, moi je m'y emploie beaucoup.
TM : Oui, oui.
AMS : Et j'espère qu'il va y avoir un effort social, global beaucoup plus fort à l'avenir pour que ce soit fait.
TM : BAC possède un fonds important de votre grand-père. Maintenant, il a aussi la garde de votre propre fonds. Les liens multigénérationnels ne sont pas fréquents dans notre collection. Pourquoi estimiez-vous qu'il était important que votre propre fonds d'archives soit conservé à BAC?
AMS : En fait, mon fonds d'archives à mon nom c'est surtout mon fonds de recherche sur Gratien Gélinas. Ce n'est pas tellement des choses personnelles à ma vie. C'est simplement que quand j'ai eu terminé de faire l'écriture de la recherche, quelqu'un à BAC m'a approché, m'a dit, est-ce que ce ne serait pas intéressant que… aussi tu cèdes ton fonds de recherche? Donc, un surplus au fonds Gratien qui peut aider les chercheurs à documenter sa vie? Et donc déjà un certain travail, disons de mâchage, pré-mâchage de sa propre documentation à lui.
Donc, tout le travail intermédiaire qui est—quand on a un fonds d'archives, mais ensuite il faut aller transcrire des choses, déchiffrer, faire des liens, faire des chronologies, faire tout ça. Alors, on m'a dit ce serait probablement intéressant que ça soit aussi à Bibliothèque et Archives Canada. Et donc, je l'ai fait. Mais c'est vraiment un fonds de travail relié au fonds de Gratien.
TM : Si je ne me trompe pas, il y a des enregistrements dans votre fonds, d'enregistrements de votre grand-père et je crois d'autres personnes aussi pour justement les besoins de votre recherche, mais aussi de votre publication.
AMS : Dans ce fonds j'ai mis aussi toutes les cassettes. C'était à cette époque-là qu'on marchait avec l'appareil à cassette dans les années 1980. Donc toutes les cassettes d'enregistrements que j'ai faites avec Gratien.
TM : Wow.
AMS : Donc, c'est sûr que pour quelqu'un qui veut faire d'autres recherches sur Gratien, ça peut être un témoignage précieux. Au-delà du fait de mon travail, on a ce que Gratien a dit, sa voix sur toutes sortes de choses, sur lesquelles je l'ai interrogé. Donc c'est sûr que c'est un complément et un ajout, je pense, important à la documentation qu'on connaît, qu'on a sur Gratien.
TM : Tout à fait.
GM : Nous avons conclu l'entrevue en demandant à Anne-Marie si elle souhaite un jour faire don de ses propres archives à Bibliothèque et Archives Canada.
AMS : C'est sûr que le plus on peut en avoir d'archives, de personnes qui ont—je vais recommencer ma réponse. Ce qui est intéressant d'avoir aussi je pense dans les archives publiques, c'est des archives en tous genres. On a eu beaucoup tendance—et c'est normal—à donner ou acquérir des archives qui venaient des personnages d'exception. Ce qui est le fun—puis je pense que la tendance va aller en croissance—c'est que des gens ordinaires—je ne dis pas nécessairement que je suis une personne ordinaire. Qui n'est pas ordinaire? Qui est extraordinaire? C'est une autre question.
Mais c'est sûr que je vais avoir un héritage à laisser au niveau créatif, au niveau recherche, au niveau petite-fille de Gratien aussi, j'imagine. Mais au-delà de ça, ce qui est super intéressant je trouve c'est que les gens laissent un fonds d'archives pour la postérité quand on ne penserait pas que ce serait un fonds important à laisser. Des gens qui ont vécu des vies communes, qui ne sortent pas de l'ordinaire, mais qui ont des photos anciennes, qui ont de la correspondance, qui ont toutes sortes de choses à léguer qui témoignent d'une parcelle de la vie québécoise et canadienne.
Je pense qu'il faudrait encourager ça. Et à ce niveau-là, si moi en laissant mes archives, ça encourage ça aussi, certainement. Mais bien sûr, si Bibliothèque et Archives Canada juge à la fin de ma longue vie que mes archives méritent d'être conservées, je le ferais avec un grand plaisir. Mais en même temps comme je disais tout à l'heure, l'essentiel c'est que ça soit diffusé, que ça soit exploité après. Les garder pour les garder, ça ne sert strictement à rien. Il faut que ça soit vraiment exploité. Donc, cette richesse-là, j'espère que si je la laisse, ça va ensuite servir à raconter ce qu'était le Québec et ce qui était la vie d'une femme au Québec et de la fille d'un créateur et d'une créatrice dans toute sa richesse et son amplitude.
Mais c'est quand même important de dire aussi, qu'est-ce que ça vaut des archives?
TM : Oui, oui, oui.
AMS : Parce qu'il y a quand même une bonne partie des gens qui ne savent pas ce que ça vaut.
TM : Non.
AMS : Et qui peuvent imaginer que c'est—comment je dirais? C'est plein de vieux papiers—
TM : Mais oui.
AMS : —qui dorment, qui sont poussière dans quelque chose. Là, évidemment je caricature parce que beaucoup de gens aiment l'histoire, beaucoup de gens aiment se plonger dans le passé. Puis il y a beaucoup de chercheurs amateurs, beaucoup de généalogistes qui connaissent le prix de tout ça.
TM : Mmhmm.
AMS : Mais ça vaut quand même la peine de publiciser et de republiciser l'importance de ça et l'importance de le mettre en valeur—
TM : Tout à fait.
AMS : —dans la société civile le plus possible. Et de mettre les budgets pour ça.
GM : Pour en savoir davantage sur le fonds Gratien Gélinas à Bibliothèque et Archives, veuillez nous visiter en ligne à bac-lac.gc.ca. Pour voir les images associées à ce balado, suivez le lien vers notre album Flickr, affiché sur la page Web du présent épisode. Et si vous avez aimé cet épisode, nous vous invitons à vous abonner au balado. Vous pouvez le faire par l'entremise d'iTunes, de Google Play ou du fil RSS qui se trouve sur notre site Web.
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Merci d'avoir été des nôtres. Ici Geneviève Morin, votre animatrice. Vous écoutiez « Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre fenêtre sur l'histoire, la littérature et la culture canadiennes ». Nous remercions tout particulièrement notre invitée d'aujourd'hui, Anne-Marie Sicotte, qui nous a également donné la permission d'utiliser des extraits audio du fonds Gratien Gélinas, et notre animateur invité, Théo Martin. Merci aussi à Karine Brisson et Michel Guénette pour leurs contributions à l'émission.
Cet épisode a été produit et réalisé par David Knox avec l'aide de Paula Kielstra.
Vous trouverez la version anglaise de tous nos épisodes sur notre site Web ainsi que sur iTunes et Google Play. Il suffit de chercher « Discover Library and Archives Canada ».
Pour plus d'information sur nos balados, ou si vous avez des questions, des commentaires ou des suggestions, visitez-nous à bac-lac.gc.ca/balados.
AMS : T'es pas ben ben ben inspiré hein j'pense, là !
GG : Non !
AMS : T'es tanné?
GG : Un peu !
Crédits :
La Dame aux camélias, la vraie, Gratien Gélinas (réalisateur)
Bibliothèque et Archives Canada/ISN 307337
Entrevue avec Gratien Gélinas, intervieweur, Anne-Marie Sicotte
Bibliothèque et Archives Canada/ISN 332002
Fridolinons 40, Les Productions Gratien Gélinas Ltée.
Bibliothèque et Archives Canada/ISN 325140
Tit-Coq, Les Productions Gratien Gélinas Ltée.
Bibliothèque et Archives Canada/ISN 265729